
Au terme d'un long processus entamé début 2024, Canal+ a racheté lundi le géant sud-africain de la télévision et du streaming MultiChoice, ce qui fait de lui "le leader" du secteur en Afrique et renforce sa position de premier plan dans le monde.
Dominant sur les marchés francophones en Afrique, Canal+ a maintenant dans son escarcelle "le leader de la télévision payante en Afrique anglophone et lusophone", ont souligné les deux sociétés dans un communiqué commun en annonçant la finalisation de ce rachat. "L'acquisition de MultiChoice par Canal+ marque sa plus grande opération jamais réalisée" et consolide sa position "en tant qu'entreprise mondiale de médias et de divertissement", s'est félicité Maxime Saada, le président du groupe Canal+, lors d'une conférence de presse téléphonique.
Avec l'ajout de MultiChoice, le groupe "compte désormais plus de 40 millions d'abonnés dans près de 70 pays d'Afrique, d'Europe et d'Asie, et près de 17.000 salariés", a-t-il énuméré. Selon ses résultats semestriels publiés fin juillet, le groupe Canal+ avait jusque-là 25,7 millions d'abonnés dans le monde. La finalisation de ce rachat était attendue depuis le feu vert fin juillet du tribunal de la concurrence sud-africain. La date-butoir était le 8 octobre.
Le groupe audiovisuel, dans le giron du milliardaire Vincent Bolloré, avait lancé début 2024 une offre publique d'achat de MultiChoice, le plus grand opérateur de télévision payante en Afrique, basé à Johannesburg. Il en était déjà le premier actionnaire, avec 46% du capital. Canal+ avait formulé une offre de 125 rands (6,1 euros) par action l'an passé, ce qui valorise le géant africain à quelque 2,5 milliards d'euros.
Pour Canal+, à la fois diffuseur, producteur et agrégateur de contenus, l'Afrique est un terrain stratégique. Après y avoir mis le pied il y a plus de 30 ans, il y est présent dans 25 pays et est le premier opérateur de télévision par abonnement dans 19 territoires francophones. Ce marché est plus porteur que l'Europe, où la compétition est féroce et l'évolution des usages rapide. La France, berceau historique du groupe, ne compte plus qu'un tiers environ des abonnés.
Avec le rachat de MultiChoice, c'est "comme un beau puzzle qui s'assemble", a fait valoir M. Saada. "Les marchés principaux de chacun des deux (l'Afrique francophone d'une part, l'Afrique anglophone et lusophone de l'autre, ndlr) sont totalement complémentaires", a-t-il développé.
La population subsaharienne s'élève aujourd'hui à 1,2 milliard de personnes et devrait atteindre les 2 milliards d'habitants en 2050, était-il rappelé dans le dernier rapport annuel du groupe Canal+. Ce dernier est coté à la Bourse de Londres depuis la scission de sa maison mère Vivendi en décembre.
Avec l'acquisition de MultiChoice, la nouvelle entité disposera "d'une double cotation, à Londres et Johannesburg", a précisé M. Saada. Le groupe Canal+ a réalisé un chiffre d'affaires de 6,45 milliards d'euros en 2024 et de 3,09 milliards d'euros au premier semestre 2025. Toujours dans la même perspective d'expansion internationale, Canal+ a augmenté en 2024 ses participations dans Viu, opérateur hongkongais de streaming, et dans Viaplay, societé scandinave dont il est le premier actionnaire.
Malgré son rachat, MultiChoice va conserver son nom, et "toutes les modalités d'abonnement et de facturation resteront inchangées" pour ses clients, selon le communiqué. En revanche, la gouvernance de l'entreprise évolue. M. Saada devient président exécutif de MultiChoice, et le directeur général de Canal+ Afrique, David Mignot, en devient directeur général exécutif. Maintenant que le rachat est finalisé, "Canal+ informera le marché de ses plans détaillés et des synergies envisagées" pour ce nouveau géant "au cours du premier trimestre 2026".
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