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Visa pour l'image, principale manifestation internationale dédiée au photojournalisme, ouvre sa 37e édition aujourd'hui à Perpignan, offrant au regard les clichés d'un monde "toujours plus cruel pour les innocents"

Visa pour l'image, principale manifestation internationale dédiée au photojournalisme, ouvre sa 37e édition aujourd'hui à Perpignan, offrant au regard les clichés d'un monde "toujours plus cruel pour les innocents", victimes de la crise climatique ou des conflits du monde, de l'Ukraine à Gaza.

"On s'attache à montrer toute l'actualité du monde, et elle n'est pas très gaie cette année", reconnait pour l'AFP Jean-François Leroy, l'historique directeur et cofondateur du festival. La réalité que les photojournalistes capturent est celle d'un "monde (qui) devient fou", "toujours plus cruel pour les innocents", souligne dans sa présentation du cru 2025, Pierre Conte, président de l'association du festival, saluant des travaux qui "proposent une nouvelle fois de ne pas détourner le regard".

Parmi les 26 expositions visibles gratuitement jusqu'au 14 septembre dans le coeur historique de Perpignan, six zooment sur la planète aux prises avec les conséquences du changement climatique. La Néerlandaise Cynthia Boll s'est plongée dans le quotidien des Indonésiens de Jakarta, rythmé par les inondations, alors que l'Arménienne Anush Babajanyan a, quant à elle, choisi de promener ses appareils sur la mer d'Aral dont l'exploitation a conduit à la disparition de 90% de son volume. - méga-feux californiens -

Le photographe de l'AFP Josh Edelson, basé en Californie, raconte de son côté "une décennie au coeur du brasier", à travers ses images de feux toujours "plus précoces, plus intenses et plus dévastateurs". L'impressionnant panorama intitulé "Nourrir la planète" de l'Américain George Steinmetz vient rappeler l'impact qu'a cette mission sur la nature, tandis que le Sud-Africain Brent Stirton a immortalisé le Parc des Virunga, le plus ancien d'Afrique, menacé par les conflits en République démocratique du Congo, Ouganda et Rwanda.

La violence des hommes est justement l'autre fil rouge reliant plusieurs expositions de cette 37e édition qui plonge notamment au coeur du drame de Gaza. Là-bas, "tous les jours, on dépasse le pire", souligne M. Leroy, qui évoque notamment le sort des journalistes locaux dont plus de 200, souvent des photographes ou des cameramen, ont été tués par l'armée israélienne dans la bande, selon Reporters sans frontières (RSF).

C'est le cas de Fatima Hassouna, photographe gazaouie de 25 ans tuée par un missile israélien le 16 avril à qui un documentaire projeté lors du dernier festival de Cannes a été consacré. Les photos de cet "oeil de Gaza", comme l'a appelé Visa, seront présentées, au côté de celles d'un autre Palestinien, Saher Alghorra, lauréat 2025 du Visa d'or humanitaire du Comité International de la Croix-Rouge (CICR). 

Le festival parcourt également d'autres guerres, à travers les reportages de Cédric Gerbehaye au Cachemire, de Paloma Laudet en RDC, de Carolyn Van Houten en Somalie, de Gaëlle Girbes en Ukraine ou de Salwan Georges en Syrie. Ce sont le plus souvent leurs victimes et leur humanité meurtrie que choisissent de capter ces photojournalistes, à l'image de Deanne Fitzmaurice qui a suivi pendant plus de 20 ans le parcours de Saleh, enfant irakien grièvement blessé en 2003 et surnommé "coeur de lion" pour sa résilience.

Visa 2025 offre également des coups de projecteur sur d'autres actualités, comme la victoire de Donald Trump et la polarisation accrue de la société américaine ("American Madness" du New-Yorkais Adam Gray) ou la politique carcérale spectaculaire et contestée du président Bukele contre les gangs du Salvador (reportage de Juan Carlos dans l'une des plus grandes prisons du monde, le "centre de confinement du terrorisme").

Enfin, le festival perpignanais rend à chaque édition hommage à des parcours de vie dédiés à la photographie: en 2025, seront ainsi mis à l'honneur la photographie sociale de Jean-Louis Courtinat, la curiosité de Jean-Pierre Laffont ou encore le parcours d'Eugene Richards, qui à 81 ans, est selon M. Leroy, "un des meilleurs photographes du monde encore en activité".

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