
Une émission consacrée à l'égalité des droits des LGBTQ, diffusée depuis 17 ans par la radio publique hongkongaise est arrêtée, la direction invoquant "un changement de programme" pour justifier cette suppression. La suppression de l'émission "Nous sommes une famille", diffusée depuis 2006 par la radio-télévision de Hong Kong (RTHK) financée par le gouvernement, intervient après l'écrasement par Pékin du mouvement pro-démocratie et l'imposition en 2020 de la loi sur la sécurité nationale qui selon les opposants a réduit au silence les voix dissidentes.
L'un des animateurs de l'émission, Brian Leung, a dit qu'il était "psychologiquement préparé" à la suppression de ce programme, tout en soulignant ne pas avoir obtenu d'explications satisfaisantes lors d'une réunion avec les responsables de RTHK début juillet.
"Pour une plateforme traditionnelle comme RTHK, ce programme était plus ou moins comme marcher sur la corde raide", a déclaré à l'AFP M. Leung dans une interview quelques heures avant la dernière diffusion. Mêlant des discussions, des informations et des interviews d'invités, cette émission, diffusée pendant deux heures tous les dimanche à minuit, était l'une des rares plateformes défendant les droits des homosexuels à Hong Kong.
Dès ses débuts, elle avait bénéficié d'une liberté éditoriale "à un tel point que j'avais presque du mal à y croire", se rappelle M. Leung.
Un épisode consacré à des brimades subies par des adolescents dans les lycées a remporté en 2010 un prix Human Rights Press Award (prix de la presse couvrant les droits de l'homme) tandis que d'autres épisodes ont donné lieu à des discussions sur la culture drag et les discriminations subies par les personnes transgenre.
Louis Lee, 28 ans, a commencé à écouter l'émission il y a une dizaine d'années, au moment de son coming out. "Ce qui m'a le plus impressionné, c'est d'entendre ma mère se brancher sur "Nous sommes une famille". Il y avait même des chauffeurs de taxi et des conducteurs d'autobus qui écoutaient le programme et je pouvais discuter avec eux", a-t-il raconté à l'AFP.
Cette émission était une "rareté" et sa suppression revient à une ville "où la diversité n'est plus tolérée", estime une retraitée de 67 ans, qui se présente sous le prénom de May. RTHK a déclaré à l'AFP qu'elle modifiait de temps en temps la programmation et qu'elle ne faisait pas de commentaire sur des sujets éditoriaux à caractère interne.
Selon un sondage réalisé en 2023, 60% des Hongkongais sont favorables au mariage homosexuel, alors qu'ils n'étaient que 38% une décennie auparavant. Pour M. Leung, les défenseurs des droits des LGBTQ doivent s'attendre à "un rude hiver".
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