10/10/2022 11:16

Procès de l'attentat de Nice: L'ancien procureur antiterroriste François Molins, l'ex-Président François Hollande et son ministre de l'Intérieur de l'époque Bernard Cazeneuve appelés à témoigner aujourd'hui

Pourquoi des organes ont-ils été prélevés sur des victimes de l'attentat de Nice? L'ancien procureur antiterroriste François Molins doit répondre à cette douloureuse question lundi à l'occasion de son audition devant la cour d'assises spéciale de Paris. L'ancien chef de l'Etat François Hollande et son ministre de l'Intérieur de l'époque Bernard Cazeneuve sont également appelés à témoigner lundi après-midi mais c'est l'audition de François Molins, prévue pour durer toute la matinée, qui concentre l'attention des parties civiles.

A l'époque de l'attentat qui a fait 86 morts et plus de 400 blessés le 14 juillet 2016, François Molins --aujourd'hui procureur général près la Cour de cassation, soit l'un des plus hauts magistrats français-- était procureur de la République de Paris, chargé des affaires de terrorisme au niveau national.

C'est lui qui a ordonné de faire une autopsie "quand la cause du décès n'était pas totalement évidente", pour "les patients pris en charge médicalement, même brièvement" avant leur décès et lorsqu'il y avait "suspicion d'atteinte" par arme à feu, a affirmé à la barre, au début du procès, l'ancien directeur de l'institut médico-légal (IML) de Nice, Gérald Quatrehomme. Sur chaque corps autopsié, des organes ont été prélevés et placés sous scellés, au cas où des analyses complémentaires seraient nécessaires à l'enquête, a poursuivi le médecin. Cela n'a pas été le cas.

Si la justice peut autoriser les prélèvements d'organes pour rechercher les causes de la mort, les familles de Nice n’ont jamais été informées de ces actes, ont rappelé à la barre de nombreuses parties civiles dans des témoignages déchirants. "Je cherche à comprendre comment le système médico-judiciaire a pu en arriver à une telle absurdité: découper ma fille de 12 ans en morceaux pour déterminer qu'elle est décédée d’un +polytraumatisme compatible avec la percussion avec un engin à haute cinétique+. Tout ça pour ça. Mais on le savait déjà!", avait ainsi déclaré à la barre Anne Gourvès. En 2018, elle avait découvert "avec effroi un procès-verbal de mise sous scellés d’organes". "Les organes vitaux de ma fille ont été prélevés et personne ne nous en a informés", s'était-elle indignée.

Elle avait dressé la liste effrayante des organes prélevés sur le corps de sa fille: encéphale et dure-mère, coeur, foie, poumons, reins, bloc cervical, glandes surrénales, rate... Le corps de sa fille Amie n'avait pas été abîmé malgré le choc du camion. On lui avait promis qu'il n'y aurait pas d'autopsie puisque les causes de sa mort ne faisaient aucun doute. Anne Gourvès a fait une demande de restitution des organes, assortie d'un test ADN –-qui lui a été refusé. Un document médical (qui évoque une personne de sexe féminin âgée d'une vingtaine d'années) l'a fait même douter du fait qu'il s'agissait bien de ceux de sa fille.

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