
Jusqu’à trois ans d’emprisonnement ont été requis mardi par le parquet de Libourne à l’encontre de trois employeurs du vignoble bordelais, dans un nouveau procès pour traite d’êtres humains.
Les deux principaux prévenus, un couple de Français de 54 ans et 42 ans, à la tête d’une société de prestation de travaux viticoles, intermédiaire habituel entre saisonniers et châteaux, étaient accusés par 25 de leurs anciens ouvriers viticoles marocains de les avoir exploités, avec des conditions de travail et d’hébergement indignes.
Le parquet a requis trois ans d’emprisonnement avec mandat de dépôt à effet différé pour l’homme, présenté comme le patron « officieux » de l’entreprise. Un an de prison ferme a été requis contre sa compagne, dirigeante déclarée, et la même peine, aménageable, contre un intermédiaire marocain de 46 ans, présenté comme le recruteur du couple.
Pour la procureure Elodie Blier, dans cette affaire, comme dans les précédentes jugées ces derniers mois dans le vignoble bordelais, « on a une petite structure de traite avec un système hyper bien rodé et rémunérateur », en donnant « l’espoir d’une vie meilleure ». Les victimes présumées, des hommes et une femme recrutés au Maroc, avaient versé aux prévenus entre 8.000 et 10.000 euros pour venir travailler entre janvier 2021 et janvier 2024.
Qui touchait l’argent ? A la barre, le couple et leur intermédiaire se sont renvoyés l’accusation, citant d’autres relais à Bordeaux et au Maroc, absents du dossier, comme responsables du recrutement facturé aux salariés. Monnayer leur arrivée en France à des ouvriers étrangers, « dans Libourne, ça s’entend partout. Moi je ne voulais pas de ça. Je ne prends pas d’argent », a assuré le principal prévenu, un ancien ouvrier viticole reconnu comme adulte handicapé.
Durant l’audience, le couple, aujourd’hui sans emploi, sans revenus déclarés depuis plusieurs années et bénéficiaires des allocations logement, n’a pas su justifier ses 200.000 euros de chiffres d’affaire établis sans factures, ni ses cinq contrats d’assurance vie ouverts chaque année après le lancement de l’activité.
En échange des paiements exigés, les travailleurs immigrés, âgés d’une vingtaine à une quarantaine d’années, se voyaient promettre un contrat de travail de quatre mois payé au Smic, un hébergement et un titre de séjour régulier au lieu de saisonnier.
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