23/04/2024 17:01

Le procès de l'effondrement de deux immeubles insalubres de la rue d'Aubagne à Marseille, qui avait fait huit morts en novembre 2018, devrait débuter cet automne

La justice jugera cet automne les responsabilités dans l’effondrement de deux immeubles insalubres qui avait fait huit morts en 2018 à Marseille, un traumatisme encore à vif dans cette ville minée par le logement indigne. Pour les magistrats instructeurs, cet effondrement est la conséquence des « habitudes (qui) endorment la vigilance, la réflexion et le bon sens et conduisent à l’erreur puis au drame », selon leur ordonnance, que l’AFP a consultée.

L’écroulement brutal, le 5 novembre 2018, de deux immeubles de la rue d’Aubagne, dans un quartier populaire proche du Vieux-Port, a souligné l’urgence de se saisir du sujet dans une ville qui compte 40.000 logements indignes, soit 10% du parc immobilier. « L’état du bâti ancien du centre-ville de Marseille était dans un tel état de dégradation depuis de nombreuses années que tout un chacun avait pris l’habitude d’y être confronté quotidiennement », écrivent les juges d’instruction.

En conséquence « il était inimaginable pour les différents intervenants, malgré leurs expériences (...) et les nombreuses alertes, que ces immeubles puissent s’effondrer ». Dans un réquisitoire sévère, le vice-procureur de Marseille Michel Sastre avait demandé en mars le renvoi des quatre personnes mises en examen devant le tribunal correctionnel de Marseille, pour homicides involontaires et blessures involontaires.

Les juges d’instruction ont ordonné ce renvoi et le procès est prévu du 7 novembre au 18 décembre, sauf rebondissement procédural, selon le tribunal. Deux personnes physiques seront jugées, dont Julien Ruas, adjoint au maire chargé de la prévention et de la gestion des risques, alors que la ville était encore dirigée par Jean-Claude Gaudin (parti les Républicains).

Les magistrats instructeurs lui reprochent des « manquements répétés » ainsi que « les carences dans l’organisation des services relevant de (sa) délégation, comme ses propres carences ». De plus, un « arrêté de péril imminent pris le 19 octobre 2018 par Julien Ruas par rapport à l’immeuble du 65 rue d’Aubagne, avait modifié, dans le sens d’une moindre rigueur, les préconisations émises par l’expert ».

 

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