22/06/2019 15:30

Reportage en prison diffusé sur M6: Un ex-détenu perd son procès contre Nathalie Kosciusko-Morizet pour atteinte à la vie privée

Le tribunal de Nanterre a débouté un ancien détenu qui poursuivait Nathalie Kosciusko-Morizet pour atteinte à la vie privée après qu'elle a enregistré à son insu leur conversation, diffusée ensuite dans un reportage sur M6. Le tribunal a malgré tout souligné la "légèreté fautive" de l'ancienne députée LR qui est donc contrainte de régler elle-même l'ensemble de ses frais de justice, tout comme la chaîne M6 et la société de production "Ligne de front", également poursuivies.

En 2016, M6 diffusait un documentaire réalisé par Bernard de la Villardière intitulé "Dossier tabou - L'islam en France, la République en échec". Dans ce film de plus de deux heures, on pouvait voir Nathalie Kosciusko-Morizet visiter la prison de Fresnes, en sa qualité de députée. Lors de son passage dans le quartier des détenus radicalisés, interdit d'accès aux journalistes, une conversation était captée entre elle et un détenu grâce au micro-cravate placé sur l'élue.

"Vous êtes seul en cellule ? Mais vous avez des occasions de parler avec les autres ?", interroge NKM. "Oui, on entend des trucs, par là et par là. Heureusement je suis quelqu'un de fort, fort d'esprit. Je suis quelqu'un de posé, j'ai 30 ans. Je ne tomberai pas, il n'y a personne qui va m'influencer. Mais une personne faible peut se faire influencer", lui répond le détenu.

Ce dernier - qui a depuis été relaxé d'après son avocat Me Thomas Klotz - estimait que la captation et la diffusion de cette conversation à son insu avait eu "des répercussions négatives sur ses conditions de détention" en raison "de son identification par ses codétenus consécutives à la diffusion du reportage". M6 et NKM n'ont malgré tout pas été condamnés à indemniser le détenu car il n'a pas réussi à "prouver que sa voix était identifiable par son entourage" a jugé le tribunal. Il a cependant estimé que la députée avait fait preuve de "légèreté" en acceptant de porter un micro qu'elle pensait fermé dans une unité où toute captation sonore ou visuelle est "expressément interdite". Le tribunal a aussi indiqué que M6 et "Ligne de front" avaient fait preuve de "déloyauté" en ne tenant pas compte "de l'interdiction claire qui leur avait été faite de capter" la conversation du détenu "au prix de sa sécurité".

Le documentaire "L'islam en France, la République en échec" avait provoqué de vives polémiques au moment de sa diffusion en raison de sa manière jugée "sensationnaliste" de traiter la question de l'islam en France.

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