
16h41: Des peines allant jusqu'à 16 ans de prison ont été requises lundi à l'encontre des huit personnes jugées à Paris pour leur implication, à des degrés divers, dans l'assassinat en 2020 d'un enseignant en France, le professeur Samuel Paty, qui avait suscité une immense émotion dans le pays.
Le 16 octobre 2020, ce professeur d'histoire-géographie de 47 ans, a été poignardé puis décapité près d'un collège de Conflans-Sainte-Honorine, au nord-ouest de Paris, où il enseignait. Abdoullakh Anzorov, un Russe de 18 ans d'origine tchétchène, a été tué par la police peu après son acte.
Avant sa mort, Samuel Paty avait été la cible d'une intense campagne de cyberharcèlement. À l'origine: le mensonge d'une élève l'accusant à tort de discrimination envers les musulmans.
La peine la plus élevée a été requise à l'encontre du Russe d'origine tchétchène Azim Epsirkhanov, 23 ans, pour lequel l'accusation a demandé d'exclure la complicité d'assassinat terroriste et de retenir l'association de malfaiteurs terroriste.
Cette peine de 16 ans de prison devra être assortie d'une période de sûreté des deux tiers, a souhaité le parquet national antiterroriste français, qui a en revanche demandé à la cour d'écarter l'obligation de quitter le territoire français (OQTF) en raison de la situation en Russie, une peine obligatoire pour les étrangers condamnés dans des affaires de terrorisme.
L'avocate générale Marine Valentin a requis une peine de 14 ans de réclusion, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, contre Naïm Boudaoud, 22 ans, également jugé pour complicité d'assassinat.
MM. Epsirkhanov et Boudaoud « étaient pleinement conscients des convictions jihadistes (d'Anzorov) et lui ont fourni les conditions matérielles de les mettre en oeuvre », avait auparavant souligné la magistrate.
Accusés d'avoir aidé Anzorov à se procurer des armes et, concernant Boudaoud, de l'avoir conduit le 16 octobre 2020 aux abords du collège où Samuel Paty enseignait, les deux jeunes gens n'ont eu de cesse de proclamer leur innocence.
Le parquet a requis 12 ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté des deux tiers, contre le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, et 10 ans de réclusion criminelle, dont deux tiers de sûreté, contre le Marocain Brahim Chnina, 52 ans.
Les magistrats ont demandé en outre une peine complémentaire d'interdiction du territoire français (ITF) contre M. Chnina, d'origine marocaine.
Les deux hommes, poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, sont à l'origine de la campagne de haine sur les réseaux sociaux contre Samuel Paty, décapité à la sortie de son collège par Abdoullakh Anzorov, un jeune islamiste radical tchétchène de 18 ans abattu peu après par la police.
« Personne ne dit que (MM. Sefrioui et Chnina) souhaitaient la mort de Samuel Paty mais, en allumant des milliers de mèches numériques, ils savaient que l'une d'elles mènerait à la violence jihadiste contre le professeur blasphémateur », a fait valoir Nicolas Braconnay, l'autre avocat général.
Brahim Chnina est le père de la collégienne qui a menti en accusant faussement Samuel Paty d'avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe à l'occasion d'un cours sur la liberté d'expression où il a présenté une caricature de Mahomet.
En réalité, la collégienne n'avait pas assisté à ce cours et le professeur n'avait discriminé aucun de ses élèves.
« Ce cours était équilibré et pertinent, dénué de toute volonté de choquer », a rappelé M. Braconnay, dénonçant « les calomnies » qui ont accablé le professeur.
Vieux briscard du militantisme islamiste, Abdelhakim Sefrioui est le fondateur de l'association (aujourd'hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine ».
Des avocats de parties civile ne cachaient pas leur mécontentement après les réquisitions
« Alors que la pression islamiste ne cesse d'augmenter sur les réseaux sociaux, notamment à l'école et à l'université, les peines proposées par un parquet pourtant spécialisé sont difficilement compréhensibles », a confié à l'AFP Thibault de Montbrial, avocat d'une soeur de Samuel Paty.
Francis Spizner, avocat du fils et de la compagne du professeur assassiné, a estimé de son côté que « ces réquisitions ce n'est pas rendre la justice ».
Des peines allant d'un an à cinq ans dont 18 mois avec sursis ont été requises à l'encontre des quatre accusés présentés par l'accusation comme des membres de la « jihadosphère » gravitant autour d'Abdoullakh Anzorov sur les réseaux sociaux, et poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste.
L'accusation a demandé une requalification des infractions en apologie du terrorisme pour l'un, Yusuf Cinar, et en provocation au terrorisme pour Priscilla Mangel, la seule femme mise en cause dans ce dossier.
Une peine de cinq ans dont 18 mois avec sursis a été demandée contre le jeune Russe d'origine tchétchène Ismaël Gamaev, le seul des accusés à avoir reconnu sa culpabilité.
Le verdict est attendu jeudi ou vendredi.
15h31: Le parquet national antiterroriste n'a pas retenu lundi dans ses réquisitions la «complicité d'assassinat terroriste» à l'encontre des deux seuls accusés qui étaient poursuivis pour cette infraction au procès de l'assassinat du professeur Samuel Paty. L’accusation estime que Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, respectivement 22 et 23 ans, amis de l’assaillant Abdoullakh Anzorov, se sont rendus coupables d’association de malfaiteurs terroriste, un crime qui leur fait encourir 30 ans de réclusion, mais pas de complicité. Les réquisitions, avec notamment les peines demandées à l’encontre des huit accusés, se poursuivent dans l’après-midi.
«Ils étaient pleinement conscients de ses convictions djihadistes et lui ont fourni les conditions matérielles de les mettre en œuvre», a insisté la magistrate en expliquant que «cela caractérise pleinement l’association de malfaiteurs terroriste», un crime passible de 30 ans de réclusion. Concernant l’accusation de complicité, elle a affirmé ne pas pouvoir se baser sur des «hypothèses», uniquement sur des «certitudes».
Au début des réquisitions, Nicolas Braconnay, l’autre représentant de l’accusation, avait prévenu que le réquisitoire du parquet ne correspondrait «sans doute pas totalement aux attentes» des parties civiles. Accusés d’avoir aidé Anzorov à se procurer des armes et, concernant Boudaoud, de l’avoir conduit le 16 octobre 2020 aux abords du collège où Samuel Paty enseignait l’histoire-géographie, les deux jeunes gens ont affirmé à l’audience avoir tout ignoré des intentions meurtrières de leur ami et n’ont eu de cesse de proclamer leur innocence. «Par leur participation active et quasi permanente, (Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov) ont permis à Abdoullakh Anzorov d’assassiner Samuel Paty. Ils ont été le soutien logistique dont Anzorov avait besoin pour son passage à l’acte meurtrier», a assuré Marine Valentin.
Le parquet antiterroriste examinera au cours de l’après-midi le cas des six autres accusés, tous poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste, impliqués, à des degrés divers, dans l’engrenage mortifère qui a conduit à l’assassinat du professeur Samuel Paty à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). «Samuel Paty n’était pas un martyr. Il n’est pas mort en militant. Il n’est pas mort en hussard noir de la République mais en victime innocente d’un crime radicalement abject et absurde», a souligné Nicolas Braconnay. «Samuel Paty n’est pas un symbole mais, à travers lui, c’est beaucoup de ce que nous sommes qui a été atteint», a-t-il ajouté dans une salle d’audience pleine à craquer.
Le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, et Brahim Chnina, 52 ans, sont accusés d’avoir participé «à l’élaboration et la diffusion de vidéos présentant des informations fausses ou déformées destinées à susciter un sentiment de haine» à l’encontre de Samuel Paty. «Ce que j’ai fait est irréparable et impardonnable», a admis à l’audience Brahim Chnina, le père de la collégienne qui a menti en accusant faussement Samuel Paty d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe à l’occasion d’un cours sur la liberté d’expression. En réalité, la collégienne n’avait pas assisté au cours de Samuel Paty et le professeur n’avait discriminé aucun de ses élèves.
«Ce cours était équilibré et pertinent, dénué de toute volonté de choquer», a rappelé Nicolas Braconnay dénonçant «les calomnies» qui ont accablé le professeur.
Vieux briscard du militantisme islamiste, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas «Collectif Cheikh-Yassine», Abdelhakim Sefrioui a contesté en bloc les accusations portées contre lui. Si l’enquête a établi qu’Abdoullakh Anzorov a pris connaissance de la polémique visant Samuel Paty à travers les messages et la vidéo publiés les 7 et 8 octobre 2020 par Brahim Chnina, rien ne démontre qu’il a vu la vidéo postée par Abdelhakim Sefrioui le 12 octobre. «Si ma vidéo n’avait pas existé, ça n’aurait rien changé» au sort de Samuel Paty, a prétendu Abdelhakim Sefrioui à l’audience. Tournée devant l’entrée du collège où travaillait Samuel Paty, la vidéo du prédicateur évoque un «enseignant voyou» ayant commis un acte «abject».
Si la cour ne retenait pas l’infraction d’association de malfaiteurs terroriste contre ces deux accusés, elle aurait la possibilité de les reconnaître coupables d’association de malfaiteurs de droit commun ou de provocation au terrorisme, aggravée par l’utilisation d’un service de communication en ligne, un délit passible de sept ans de prison et 100.000 euros d’amende.
Les quatre autres accusés, Yusuf Cinar, Ismaël Gamaev, Louqmane Ingar, tous âgés de 22 ans, et Priscilla Mangel, 36 ans, la seule femme mise en cause, présentés par l’accusation comme membres de la «djihadosphère» qui gravitait autour d’Abdoullakh Anzorov sur les réseaux sociaux, ont tous nié, à l’exception du seul Ismaël Gamaev, être impliqués dans l’assassinat du professeur.
Vos réactions
Il faut éviter des émeutes pendant la période des fêtes de Noël.Le parquet obéit bien aux ordres de Macron .
La France vient de perdre le combat contre les islamistes intégristes.
Merci Monsieur le président
dès qu'une décision ne leur convient pas, les mous du bulbe accusent la justice de laxisme
Rabâchage !
C'est bien peu cher payé pour cet acte de barbarie
Il faut remettre la peine de mort pour ce genre de crime odieux.
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