
Les médias, l'opposition et la société civile ont exprimé leurs inquiétudes concernant un décret pris par le président ultralibéral argentin Javier Milei sur l'accès à l'information officielle, y voyant une "régression" en matière de transparence et de liberté de la presse. Le décret modifie une loi régissant depuis 2016 l'accès à l'information publique.
Il réduit notamment la sphère des documents considérés d'intérêt public légitime, excluant par exemple "des délibérations préparatoires et des documents de travail, ou relatifs à l'examen préliminaire d'un dossier".
Parmi les exceptions que peut aussi invoquer le gouvernement pour ne pas divulguer une information, le fait qu'elle "puisse, directement ou indirectement, causer des dommages et préjudices". Dans une lettre ouverte, près de 70 organisations de la société civile, de la presse et de défense des droits humains ont dénoncé un décret qui "étend le domaine du secret et introduit du discrétionnaire" dans l'accès à l'information.
"Grave recul de la liberté", titrait mercredi le quotidien La Nacion (conservateur), pour qui "Milei redéfinit ce qu'est l'information publique" dans la lignée de son hostilité explicite envers les journalistes critiques. Une partie de la presse lie aussi le décret à l'agacement de Milei quant aux questions sur ses chiens (cinq énormes mastiffs), au coût des chenils construits à la présidence, etc.
Le nouveau décret exclut ainsi désormais explicitement "toute information relevant de la sphère privée du fonctionnaire (...), notamment lorsque la demande cherche à pénétrer dans la sphère domestique". En juillet une ordonnance du procureur général du Trésor, "défenseur légal" de l'État, avait formellement établi que les chiens de Milei relevaient "de la sphère privée" et que l'exécutif était fondé à ne pas informer.
L'Adepa, influente association de la presse argentine, s'est inquiétée de voir le secret, "parfois inévitable" en démocratie, étendu "au-delà de ce qui est exceptionnellement nécessaire", une façon, selon elle, de "saper les bases républicaines du pays".
Un dirigeant de l'opposition, le sénateur Martin Lousteau (centre-droit), a raillé "des libertariens bien étranges qui se disent champions de la liberté mais restreignent l'accès à l'information". L'Adepa a appelé l'exécutif à revoir son décret, tandis que des organismes envisagent un recours pour inconstitutionnalité.
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