03/09/2020 18:01

Attentat contre Charlie Hebdo: La Cour Européenne rejette la requête d'un professeur belge sanctionné pour avoir considéré que le journal avait "abusé" de la liberté d'expression

La Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) a déclaré jeudi "irrecevable" une requête déposée par un enseignant belge sanctionné pour avoir considéré, un mois après l'attentat de janvier 2015 contre Charlie Hebdo, que le journal avait "abusé" de la liberté d'expression.

Selon la Cour, les propos incriminés, tenus dans une lettre ouverte adressée à la presse et datée du 4 février 2015, étaient "incompatibles avec le devoir de réserve qui s'appliquait" à Yacob Mahi, alors professeur de religion islamique à l'Athénée royal Leonardo Da Vinci à Anderlecht. Dans cette lettre, publiée après attentats jihadistes de janvier 2015 en France qui avaient fait 17 morts en trois jours, dont 11 lors de l'attaque de la rédaction du journal satirique, Yacob Mahi estimait notamment que "toute dérision qui ne prend pas en compte les sensibilités (...) fait de la liberté d'expression un abus".

Dénonçant la "vision impériale des médias et des lobbys de la pensée unique", il citait aussi le philosophe négationniste Roger Garaudy, son "maître à penser", et s'exprimait sur l'homosexualité, les responsables politiques et les autorités judiciaires belges. Le gouvernement de la Fédération de Wallonie-Bruxelles, jugeant ces propos contraires à son devoir de réserve, l'avait sanctionné en octobre 2017 en le mutant dans un autre établissement, à La Louvière, à une cinquantaine de kilomètres d'Anderlecht.

Après un recours rejeté par le Conseil d'Etat belge, Yacob Mahi s'était tourné vers la CEDH, en invoquant la "liberté d'expression" et le "droit au respect de la vie privée et familiale". A l'unanimité, les magistrats de la CEDH ont déclaré sa requête "irrecevable" car "manifestement mal fondée", précisant que cette décision était "définitive".

Tout comme la justice belge, la Cour a jugé les propos de M. Mahi "incompatibles avec le devoir de réserve" lié à ses fonctions d'enseignant "en particulier dans le contexte de tension qui régnait au sein de l'établissement scolaire à la suite des attentats de Paris de janvier 2015". Ces tensions "se caractérisaient par des attaques des élèves de cet établissement contre un autre professeur du même établissement qui avait défendu Charlie Hebdo et par des agressions contre un élève qui avait refusé de signer une pétition contre ce professeur", a-t-elle précisé. "Compte tenu de l'impact potentiel desdits propos sur ses élèves, la Cour estime que la sanction de déplacement disciplinaire de M. Mahi vers un autre établissement (...) n'était pas disproportionnée", concluent les juges de Strasbourg dont la décision a été rendue au lendemain de l'ouverture à Paris du procès des attentats de janvier 2015.

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Vos réactions

Portrait de Greenday2013
4/septembre/2020 - 12h52

Les propos de monsieur Yacob Mahi heurtent ma sensibilité.

Il faut donc l'empêcher de s'exprimer.

Portrait de B612
3/septembre/2020 - 21h54

Donc il refuse le droit à la dérision parce que ça peut heurter des sensibilités, mais son "maitre à penser" Roger Garaudy était un négationniste, qui lui aussi a du heurter la sensibilité d'autres personnes, et pour des raisons beaucoup plus graves. Mais ça n'a pas l'air de déranger ce professeur belge, peut-etre parce que Garaudy était antisioniste et musulman...