17/05/2020 07:31

Algérie: Le journal satirique algérien en ligne "El Manchar" annonce sa fermeture pour échapper à la "répression"

Le journal satirique algérien en ligne "El Manchar" a annoncé sa fermeture pour échapper à la "répression", soulevant un vif émoi sur les réseaux sociaux, au moment où des internautes et des médias indépendants sont la cible de mesures coercitives des autorités. "El Manchar, c'est fini. On se retrouve bientôt dans une Algérie meilleure. Ou Pas", peut-on lire sur le site de ce média qui a tourné en dérision tout et tout le monde.

Une avalanche de réactions a suivi cette annonce, nombre d'internautes demandant s'il s'agissait de "censure", ou si ce n'était pas une blague "de mauvais goût". "Nous n'avons pas été censurés ni bloqués par les autorités", a fini par répondre jeudi El Manchar (la scie) sur sa page Facebook suivie par plus de 500.000 personnes.

"Le climat de répression des libertés, les incarcérations de citoyens à la suite de leurs activités sur les réseaux sociaux nous ont conduits à réfléchir sur les risques que nous encourons", précise-t-il. "Nous avons résisté pendant cinq ans (...) Nous nous retrouverons dans une Algérie meilleure (...) où cette peur n'existera pas".

Le fondateur du site satirique Nazim Baya a indiqué narquois: "je pense déjà à lancer +El Manchar El Djadid+ (la nouvelle scie, NDLR). Ça sera comme la nouvelle Algérie, c'est-à-dire semblable à l'ancienne mais en pire". Une pique en référence à la "nouvelle Algérie" prônée par le président algérien Abdelmadjid Tebboune, qui a succédé à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission sous la pression de la rue en avril 2019 après 30 ans au pouvoir.

El Manchar, dont la devise est "avec des scies, on refait le monde" se présente comme "un site d'informations fausses et complètement saugrenues" visant à "explorer le champ de l'absurde". Le site précise que les articles qui y sont publiés "ne renvoient à aucune occurrence du réel mais juste à des occurrences du possible".

Depuis peu, l'Algérie s'est dotée de textes législatifs criminalisant la désinformation et les discours de haine, qui pourraient avoir un impact indirect sur la possibilité de publier de la satire. Des ONG algériennes et internationales se sont ainsi alarmées du fait que le nouveau code pénal puisse servir à bâillonner la liberté d'expression en Algérie. Depuis le mois d'avril, plusieurs sites d'informations en ligne ne sont plus accessibles en Algérie, après avoir été "bloqués" selon leurs directions.

Ça peut vous interesser

Ailleurs sur le web

Vos réactions