australie Par Laura CHUNG
L'Australienne Mia Bannister, dont le fils, victime de harcèlement en ligne et atteint d'anorexie, s'est suicidé, voit dans l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de seize ans dans son pays une victoire "au goût doux-amer" et promet de continuer le combat.
L'année dernière, son fils adolescent de 14 ans a mis fin à ses jours après avoir été harcelé en ligne. Il était aussi exposé sur des applications comme TikTok, Snapchat et YouTube à des contenus qui ont renforcé ses troubles alimentaires. Mme Bannister et d'autres parents, dont les enfants se sont suicidés après avoir subi des violences sur les réseaux sociaux, ont passé des années à faire campagne pour cette loi. Ils espèrent que plus aucune famille ne souffrira comme eux.
Leurs efforts ont été récompensés: l'Australie est devenu le premier pays a interdire les réseaux sociaux aux jeunes adolescents. Les plateformes qui ne s'y conforment pas risquent une amende de 33 millions de dollars. "Je donnerais tout -- et je veux dire tout -- pour qu'Ollie soit ici avec moi aujourd'hui," confie Mme Bannister à l'AFP.
"C'est amer. Je suis fière que nous montrions l'exemple et j'espère que le reste du monde suivra et sauvera les générations futures des dangers en ligne". Bien qu'épuisée par des mois de plaidoyer, Mme Bannister estime que son combat n'est pas terminé. "Il y a tellement de travail à faire", soutient celle qui dirige une association destinée à informer sur les troubles alimentaires chez les jeunes hommes.
Wayne Holdsworth a perdu son fils de 17 ans, Mac, il y a deux ans après avoir été victime d'une arnaque sexuelle sur les réseaux sociaux. Pour lui, la nouvelle loi n'est que le début. Il appelle à plus de sensibilisation pour mettre en garde les enfants avant leurs 16 ans.
"Les enfants que nous avons perdus ne sont pas morts en vain, car aujourd'hui, ils nous regardent d'en haut avec fierté pour le travail que nous avons tous accompli," a-t-il déclaré lors d'un événement à Sydney marquant l'entrée en vigueur des nouvelles règles.
Mais certains adolescents se vantent de maintenir leur présence en ligne ou d'avoir menti lors du processus de vérification de l'âge d'une plateforme.
Les autorités concèdent que la loi "ne sera pas parfaite", mais soutiennent qu'elle constitue un pas dans la bonne direction. Zoey, créatrice de contenu en ligne suivie par plus de 58.000 personnes sur TikTok, a promis à ses abonnés de contourner les règles. "Vous pouvez toujours me trouver sur d'autres plateformes", a-t-elle lancé dans une vidéo publiée avant l'interdiction.
"Je serai toujours là, je trouverai un moyen de m'en sortir, je trouverai un moyen de continuer à publier et à créer du contenu", a déclaré Zoey, qui n'utilise que son prénom en ligne. "Ne vous laissez pas abattre par ce stupide gouvernement qui essaie de nous rendre tristes et de nous contrôler".
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