
Une peine de six ans d’emprisonnement a été requise lundi contre l’auteur d’un refus d’obtempérer en juin 2022 à Paris, pris en chasse par des policiers qui avaient tiré sur son véhicule pour tenter de l’arrêter et tué sa passagère, Rayana, 21 ans.
Les deux policiers partie civile dans ce procès avaient pour leur part bénéficié en mai d’un non-lieu, dont la famille de la victime a fait appel.
Au cour de près de dix heures d’audience devant le tribunal correctionnel de Paris, il a pourtant été largement question de ces tirs mortels. La famille de la jeune femme tuée avait elle-même indiqué ne pas souhaiter se constituer partie civile.
« Nous ne comprenons pas les raisons pour lesquelles le procès du conducteur intervient avant l’achèvement de la procédure concernant l’auteur du tir », a-t-elle écrit dans une lettre lue par le président du tribunal, en dénonçant un « complet déséquilibre ».
Le 4 juin 2022 vers 10H45, dans le XVIIIe arrondissement de la capitale, trois policiers à VTT avaient voulu contrôler une Peugeot 207 dont les passagers arrière ne portaient pas leur ceinture. Le conducteur avait poursuivi sa route à vive allure pendant 300 mètres, avant d’être coincé dans les bouchons.
Positionnés autour du véhicule qui tentait de redémarrer, les forces de l’ordre avaient alors fait feu à plusieurs reprises.
« J’étais persuadé qu’il allait m’écraser », a assuré à la barre l’un des policiers, en martelant avoir usé de son arme parce qu’« on était en danger: c’est pas qu’un ressenti ».
Le mis en cause, dont la forte alcoolémie rappelle qu’il sortait de discothèque - il roulait en outre sans permis, une infraction pour laquelle il avait déjà été condamné - proteste au contraire de toute intention de blesser les fonctionnaires: « Si j’ai pris la fuite, c’est par panique. Par instinct de survie. On m’a tiré dessus à neuf reprises ».
Pourquoi avoir refusé d’obtempérer dès le départ ? « J’étais en semi-liberté, je voulais pas me faire attraper », poursuit celui qui a fait fi de sept injonctions de s’arrêter.
« C’est une évidence (qu’il) n’a pas voulu le décès de Rayana. Pour autant, son comportement a été d’une inconséquence telle qu’il a mis en danger l’ensemble des occupants dans son véhicule », a estimé le procureur, en interrogeant: en matière de délit de fuite, « quels faits pourraient être plus graves que ça ? »
« Ça veut dire que le refus d’obtempérer peut-être sanctionné par la mort ? », lui a répondu l’un des avocats de la défense, Raphaël Kempf, qui a assuré que son client « n’a jamais cherché à s’en prendre aux policiers, à violenter ou à écraser qui que ce soit ».
L’autre avocate du conducteur, Louise Tort, s’est encore émue « qu’on préfère entendre, plutôt que les expertises, des policiers qui sont aujourd’hui sur le banc des parties civiles et qui seront demain, peut-être, sur un autre banc », comprendre celui des prévenus. La décision doit être rendue le 19 novembre.
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