
Les médias argentins, réunis en assemblée générale, ont déploré une "détérioration du débat public marquée par de multiples insultes" du président Javier Milei, et des "épisodes de violence" à l'encontre de médias et journalistes. Dans son rapport sur la liberté de la presse, l'Association des entités journalistiques argentines (Adepa) qui regroupe 180 médias, a en particulier pointé du doigt un slogan plusieurs fois décliné par le président ultralibéral ces derniers mois:
"On ne déteste pas assez les journalistes", ou sous le mot-dièse #NOLSALP. C'est "un dangereux appel à la haine contre le journalisme qui a eu tendance à se banaliser" parmi les militants pro-gouvernement, "viral sur les réseaux sociaux" et qui "ouvre indirectement la voie à la violence physique", estime l'Adepa dans le rapport, présenté à son assemblée générale annuelle à Puerto Madryn (sud).
L'Adepa salue prudemment comme une "annonce positive" les propos du président Milei, qui dans un discours début août "a déclaré qu'il arrêterait d'insulter".
Une remarque visant surtout ses adversaires politiques qui "s'attachent à la forme parce qu'ils n'ont pas le niveau intellectuel pour discuter des idées de fond", avait alors précisé M. Milei. Et l'Adepa rappelle "au cours des derniers mois des épisodes regrettables de violence" contre journalistes et médias, en particulier "de la part des forces de sécurité lors des manifestations hebdomadaires de retraités" aux abords du Parlement à Buenos Aires.
Elle souligne aussi des cas d'agression individuelle de journalistes, de hacking d'un journaliste d'investigation, ainsi qu'un acte de vandalisme en juin visant des locaux de la télévision TN par un groupe de militants kirchnéristes (opposition), fait "avec peu de précédents dans notre pays".
Enfin, l'organisation s'émeut d'une "inquiétante tentative judiciaire d'imposer une censure préalable", en référence à une fuite d'audios attribués à Karina Milei, soeur du président et secrétaire générale de la présidence, en marge d'une affaire de corruption présumée.
L'exécutif a demandé, et obtenu de la justice, l'interdiction provisoire de la diffusion d'éventuels nouveaux audios.
Cette décision, "même si ces enregistrements ont une origine illégale", est "une claire limitation illégitime des libertés d'expression et de la presse, contraire à notre Constitution, à notre jurisprudence" et "affecte le droit des citoyens à s'informer et à connaître des faits d'intérêt public", dénonce l'Adepa.
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