
Plusieurs ONG de défense des droits humains et de la liberté d’expression ont alerté la ministre britannique de la Culture du « risque d’influence chinoise » qui pèse selon elles sur le rachat du prestigieux quotidien conservateur The Telegraph par le fonds américain RedBird.
« Les liens de RedBird Capital avec la Chine, notamment par l’intermédiaire de son président, John Thornton, menacent le pluralisme des médias, la transparence et l’intégrité de l’information au Royaume-Uni », écrivent ces organisations, dont Reporters sans frontières, Article 19 ou Index of Censorship, dans une lettre ouverte à la ministre de la Culture Lisa Nandy.
« Nous vous exhortons à empêcher cette acquisition et à initier une enquête » sur une éventuelle influence étrangère, via le régulateur de la concurrence (CMA) et celui des médias (Ofcom), ajoutent-elles.
« Il n’y a aucune implication, ni influence chinoise dans le projet d’acquisition du Telegraph par RedBird Capital », a réagi un porte-parole du fonds américain, sollicité par l’AFP. « L’indépendance de la presse » constitue pour RedBird un « principe fondamental de sa stratégie d’investissement » dans le secteur, a-t-il insisté.
RedBird avait annoncé fin mai un « accord de principe » pour racheter The Telegraph 500 millions de livres (595 millions d’euros).
Propriété de la richissime famille Barclay depuis 2004, le quotidien avait été mis en vente d’office fin 2023 par la banque Lloyds pour éponger de lourdes dettes.
Une coentreprise entre RedBird et le fonds d’investissement dans les médias d’Abou Dhabi (IMI), baptisée RedBird IMI, avait passé un accord avec la famille Barclay et remboursé sa dette en échange d’une option pour le contrôle de l’entreprise.
Mais la perspective qu’un fonds émirati contrôle une publication influente avait poussé le gouvernement conservateur à légiférer pour bloquer la prise de contrôle de journaux britanniques par des États étrangers. Redbird IMI avait jeté l’éponge.
C’est finalement le fonds américain seul qui a offert de devenir actionnaire majoritaire. Les craintes des ONG reposent notamment sur son président John Thornton qui, écrivent-elles, « siège au conseil consultatif international de la China Investment Corporation, le plus grand fonds souverain de Chine, et a présidé la Silk Road Finance Corporation, deux instruments par lesquels la Chine a exercé une influence financière ».
« Il a également exercé des fonctions » à l’Institut Confucius, qualifié de « prolongement direct du Département de la propagande du Parti communiste chinois au Royaume-Uni ».
Plusieurs membres du Parlement britannique, de différentes couleurs politiques, avaient aussi écrit mi-juin à la ministre de la Culture pour l’alerter d’un risque de « potentiel influence de l’État chinois », selon des extraits publiés dans le Guardian.
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