RMC Life Plus de six mois après le passage dévastateur de Chido, les députés s’apprêtent à voter mardi le projet de loi du gouvernement pour « refonder » Mayotte, département le plus pauvre de France, confronté avant même le cyclone à d’immenses défis.
Le gouvernement vante un texte d’une « ambition politique sans précédent », pour « concrétiser la promesse républicaine » à Mayotte, où les inégalités avec l’Hexagone restent abyssales.
Pour Manuel Valls, le ministre des Outre-mer, « le projet de loi sort enrichi des débats » et son adoption en fin d’après-midi dans l’hémicycle ne fait pas de doute.
Et ce alors que les groupes de gauche devraient voter contre ou s’abstenir pour dénoncer « l’obsession anti-immigrés » du texte, selon les mots de Dominique Voynet (écologiste).
Le gouvernement pourra toutefois compter sur les voix du Rassemblement national, qui se félicite d’avoir transformé un texte initialement « trop timide » même s’il ne comble pas tout, a expliqué à l’AFP le député RN Yoann Gillet.
Car, au dernier jour de l’examen vendredi, le groupe de Marine Le Pen a engrangé une série de victoires, grâce à la très faible mobilisation de députés sur les autres bancs de l’hémicycle.
A tel point qu’au cours des débats, le ministre lui-même a dénoncé l’absence du « socle commun » qui a permis à des mesures « scandaleuses » et « totalement inconstitutionnelles » d’être adoptées.
Selon M. Gillet, cet examen montre que « la classe politique, en dehors du RN, a peu de considérations pour Mayotte ».
Cette démobilisation a été remarquée et commentée sur l’archipel, affirme à l’AFP la députée de Mayotte Estelle Youssouffa (Liot), qui s’inquiète du « message catastrophique » envoyé.
« Est-ce que ce texte répond à tout ? Non, mais on en a besoin », assure, par ailleurs, l’élue qui votera en faveur.
Elle rappelle l’engagement du gouvernement de décliner « près de quatre milliards » d’euros d’investissements publics pour l’archipel d’ici 2031. Mais dit aussi rester « attentive », tant que les fonds ne seront pas inscrits dans une loi de Finances.
Elle salue une « victoire » introduite par les députés lors de l’examen: la suppression d’ici 2030 du visa territorialisé, qui empêche un détenteur d’un titre de séjour mahorais de venir dans l’Hexagone.
La disposition est très attendue par les habitants de Mayotte qui y voient une injustice et un manque de solidarité de la France métropolitaine face à l’afflux massif d’immigrés clandestins venus notamment des Comores voisines.
Autre disposition phare, le projet de loi prévoit de faire converger le niveau des prestations sociales comme le RSA ou le SMIC entre Mayotte et l’Hexagone dans les cinq ans.
Plusieurs amendements du Rassemblement national adoptés vendredi ont avancé cette échéance, avec notamment un alignement total du SMIC dès 2027.
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