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Bras de fer : Les sites pornos Youporn et Pornhub vont suspendre dès cet après-midi et jusqu'à nouvel ordre l'accès aux contenus de ses plateformes en France, afin de protester contre l'obligation de vérification de l'âge des utilisateurs

Le bras de fer est engagé: Aylo, maison mère des sites pornographiques Youporn et Pornhub, va suspendre cet après-midi et jusqu'à nouvel ordre l'accès aux contenus de ses plateformes en France, afin de protester contre l'obligation de vérification de l'âge des utilisateurs. "Nous avons pris la décision difficile de suspendre l'accès à nos sites en France dès demain après-midi et d'utiliser nos plateformes pour nous adresser directement au public français", a déclaré mardi Alex Kekesi, vice-présidente de la communauté et de la marque chez Aylo, lors d'une conférence de presse en ligne.

Les internautes cherchant à aller sur les sites Youporn, Pornhub et Redtube tomberont ainsi sur une page d'accueil qui détaille la position de l'entreprise sur le sujet, avec une image du tableau "la Liberté guidant le peuple" du peintre Eugène Delacroix.

"Nous nous servons de notre site comme d'un panneau publicitaire géant", a résumé Mme Kekesi. Son groupe entend ainsi protester contre une loi française de 2024 obligeant les éditeurs de sites X à mettre en place un système d'identification empêchant les mineurs d'y accéder, sous peine de sanctions du gendarme du numérique et de l'audiovisuel, l'Arcom, pouvant aller jusqu'au blocage.

Ils doivent exiger l'envoi d'une photo ou d'un document d'identité par exemple, en proposant au moins une méthode respectant le principe de double anonymat qui permet de prouver sa majorité sans divulguer son identité. Aylo défend de son côté une vérification de l'âge au niveau des appareils et de leur système d'exploitation.

"Google, Apple et Microsoft ont tous la capacité de vérifier l'âge de l'utilisateur au niveau du système d'exploitation ou de l'appareil, et de fournir une information sur l'âge à tout site ou application", a avancé Solomon Friedman du fonds d'investissement Ethical Capital Partners, propriétaire d'Aylo.

"Les mesures mises en place par le gouvernement français sont déraisonnables, disproportionnées et inefficaces", a-t-il ajouté. Ce système de vérification de l'âge était toutefois réclamé de longue date par les associations de protection de l'enfance. - "Protéger nos enfants" - "Demander aux sites de vérifier l'âge, ce n'est pas stigmatiser les adultes mais juste protéger nos enfants. (...) Si Aylo préfère sortir de la France que d'appliquer notre loi, libre à eux", a réagi auprès de l'AFP la ministre déléguée chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz.

"Pornhub, YouPorn et Redtube refusent de se conformer à notre cadre légal et décident de partir. Tant mieux ! Il y aura moins de contenus violents, dégradants, humiliants accessibles aux mineurs en France. Au revoir", a commenté de son côté Aurore Bergé, ministre en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, sur le réseau social X.

Dans un communiqué, l'Arcom a dit "prendre acte de cette décision" et a rappelé "sa détermination, partagée par les institutions européennes, à protéger les mineurs en ligne". Aylo revendique sept millions de visiteurs quotidiens en France sur ses différentes plateformes de contenus pornographiques.

Selon l'Arcom, "chaque mois, Pornhub (...) est visité par plus d'un tiers des adolescents de 12 à 17 ans". L'entreprise Aylo mène une campagne similaire aux Etats-Unis, où ses sites sont bloqués dans 17 Etats -- essentiellement dans le sud du pays -- qui ont mis en place des lois de vérification de l'âge des utilisateurs.

Pornhub est par ailleurs dans le viseur de l'Union européenne. Bruxelles a ainsi ouvert une enquête en mai, dans le cadre de la législation sur les services numériques (DSA), contre cette plateforme d'Aylo ainsi que trois autres sites porno, soupçonnés de ne pas prendre de mesures suffisantes pour empêcher les mineurs d'accéder à leurs contenus. A terme, l'ouverture d'une telle enquête peut aboutir à de lourdes

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Vos réactions

Portrait de B612
4/juin/2025 - 18h05

Aurore Bergé et d'autres pavoisent, mais il n'y a pas de quoi. Les ados connaissent eux aussi les VPN, qui sont intégrés gratuitement dans des navigateurs, et il existe des millions d'autres sites. Et sauf à saisir les serveurs d'un site comme pour Uptobox, il est dur d'empecher d'y accéder.

Peut-etre faudrait-il rappeler qu'il est possible d'activer le contrôle parental dans les abonnements internet et mobiles. Au pire, qu'on peut changer les DNS d'un PC ou smartphone pour des DNS avec contrôle parental intégré qui bloquent des sites à la base, et bloquent aussi des VPN il me semble. Et ça peut-être que moins d'ados savent le contourner.

Mais il appartient surtout aux parents de surveiller l'utilisation des outils numériques de leurs ados, et de communiquer avec. Meme si c'est pas évident.

Il serait bien alors d'en profiter pour mettre davantage en avant par exemple le site "jeprotegemonenfant.gouv.fr" qui conseille et fournit des outils aux parents car ils peuvent aussi ne pas savoir comment faire.

Portrait de Frederico
4/juin/2025 - 09h35

Merci l’Arcom. Plus de C8, plus de porno : enfin une société sans déviance. Grâce à vous, bientôt plus une pensée de travers, que des esprits sains, bien rangés, et parfaitement encadrés

Portrait de Bigpower
4/juin/2025 - 09h35

À mon avis, ça ne va pas durer bien longtemps.  Quel intérêt ont ils de faire ça ?  Pour eux ça va être un énorme manque à gagner, et le gouvernement s'en moque qu'il y ait des site X ou pas. Ce n'est pas en faisant ça qu'ils vont revenir sur leur décision...  

Portrait de Amandecroquante
4/juin/2025 - 08h21

On va avoir un débit internet incroyable cette après-midi