
C'est sans vraiment avoir le coeur à la fête que l'Association des correspondants à la Maison Blanche a tenu cette nuit son gala annuel, boudé par Donald Trump, qui depuis son retour au pouvoir malmène les médias traditionnels. Il s'agit de "célébrer le Premier amendement" de la Constitution américaine, qui garantit la liberté de la presse, avait souligné en amont le président de cette vénérable organisation, Eugene Daniels, dans un entretien avec le site Status News, spécialisé dans l'actualité des médias. Le protocole bien rodé du dîner, autour duquel s'organise tout un week-end de cocktails et autres mondanités, a été modifié pour, selon lui, "s'adapter à l'humeur" des journalistes.
"Nous ne sommes pas des ennemis du peuple, nous ne sommes pas des ennemis de l'Etat", a déclaré M. Daniels lors du dîner samedi soir, dans un contexte de défiance envers les médias alimentée par le président républicain. M. Daniels a également exprimé son soutien à l'agence américaine Associated Press, privée d'accès à la Maison Blanche par M. Trump, ainsi qu'à la radio publique Voice of America, que le dirigeant entend fermer.
"Continuez d'aller de l'avant, continuez de vous battre, et continuez de ne pas avoir peur", a enjoint à l'assistance le journaliste Anthony Zurcher de la BBC, récompensé pour sa couverture de la guerre à Gaza.
L'usage veut que le président américain participe à la soirée, une affaire assez guindée en smoking et robes longues, pour féliciter quelques journalistes distingués pour leur travail, et prononcer une allocution émaillée de blagues, mais aussi écouter le discours impertinent d'un ou d'une humoriste choisie par l'Association.
Mais Donald Trump, qui avait déjà boudé le gala tout au long de son premier mandat, n'est comme prévu pas venu, d'autant qu'il a assisté samedi à Rome aux obsèques du pape François et s'y est entretenu avec son homologue ukrainien Volodymr Zelensky.
Il n'y a pas non plus eu de sketch acerbe devant les centaines d'invités réunis au sous-sol d'un hôtel de Washington, des journalistes, des responsables politiques, des lobbyistes et une vedette censée apporter une touche de glamour au "bal des premiers de la classe", le surnom de ce gala ("nerd prom").
L'Association des correspondants avait décidé de décommander l'humoriste Amber Ruffin, pour, selon un communiqué, que l'attention ne se focalise pas "sur les divisions politiques" mais sur les prix et bourses distribués pendant la soirée.
La comédienne afro-américaine avait répondu à cette annulation sur un ton féroce pendant l'émission de l'humoriste Seth Meyers: "la raison pour laquelle nous avons une presse libre, c'est pour être gentils avec les républicains pendant des dîners chics".
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