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Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a annoncé la fermeture du service de lutte contre la désinformation en provenance de pays étrangers

Par Anuj CHOPRA

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a annoncé la fermeture du service de lutte contre la désinformation en provenance de pays étrangers, tout en disant vouloir défendre la liberté d'expression menacée selon lui en Europe. La fermeture du service de Lutte contre la manipulation de l'information et les ingérences étrangères (Counter Foreign Information Manipulation and Interference) survient au moment où des experts mettent en garde contre le risque de campagnes de désinformation de la part de la Chine et de la Russie.

Dans un communiqué, le secrétaire d'Etat américain a justifié la fermeture de ce service par la nécessité de "défendre la liberté d'expression des Américains". "Sous l'administration précédente, ce service, qui coûte chaque année plus de 50 millions de dollars au contribuable, a dépensé des millions pour faire taire les voix d'Américains qu'il était censé défendre", a accusé M. Rubio.

Dans un entretien accordé au site Foundation for Freedom Online et diffusé par son ministère, M. Rubio a indiqué que les fonds économisés par la fermeture de ce service serviraient à "diffuser un message pro-américain" visant à "défendre la liberté d'expression, qui est menacée dans le monde entier, y compris dans des pays alliés".

M. Rubio n'a cité ni Pékin ni Moscou parmi les menaces à la liberté d'expression mais évoqué des "cas" non précisés en Europe occidentale "où des gens postent quelque chose en ligne et puis la police frappe à la porte et vous allez en prison 60 jours". "Si un pays, ou un groupe de pays dans le cas de l'UE (...), s'en prend à des Américains pour leur propos, ça devient une source d'irritation pour les Etats-Unis et même plus que ça", a-t-il dit.

"Cela empêche de coopérer (...) s'ils s'en prennent non seulement à quelqu'un de connu comme Elon (Musk), mais à n'importe qui", a averti M. Rubio, faisant référence à l'avertissement lancé l'an dernier par la Commission européenne au patron de X, qui s'apprêtait à interviewer Donald Trump sur son réseau.

"Cela pourrait aboutir à menacer (...) potentiellement des hauts responsables aux Etats-Unis", a-t-il ajouté. Dans ce contexte, M. Rubio a indiqué que l'administration Trump soulevait la question de la liberté d'expression dans ses entretiens avec des dirigeants européens. "Vous allez voir que nous continuons à mettre l'accent là-dessus dans notre diplomatie", a encore Marco Rubio, qui se rend à Paris pour des discussions sur l'Ukraine. 

L'annonce du département d'Etat survient à une période où la diplomatie américaine est censée proposer de couper son budget de moitié. Le service d'anti-désinformation, fondé en 2016 sous le nom de "Global Engagement Center" (GEC), est depuis longtemps dans le collimateur des élus républicains, qui ont bloqué son budget fin 2024.

Le service a également été épinglé par Elon Musk, qui avait qualifié le GEC de "pire censeur au sein de l'Etat américain" et de "menace pour la démocratie". Le service avait démarré quelques mois avant la première élection de Donald Trump, qui avait été marquée par des accusations d'ingérence russe.

Un rapport de 2019 du procureur spécial Robert Mueller avait notamment établi que l'Etat russe s'était "immiscé dans l'élection présidentielle de 2016 de façon systématique", ce que Moscou a toujours démenti. Le ministère de la Justice a fermé, depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, une unité de la police fédérale (FBI) de lutte contre les ingérences étrangères dans les élections aux Etats-Unis.

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