
Par Elodie SOINARD
"Reprendre le drapeau": de retour sur les campus universitaires, le mouvement conservateur de Charlie Kirk attire un auditoire déjà sensible à ses idées mais particulièrement mobilisé après l'assassinat deux semaines plus tôt de cette icône de la jeunesse trumpiste.
"Il a déposé le drapeau, je dois le reprendre et le brandir", confie à l'AFP Kieran Owen, jeune lycéen américain, parmi les quelque 2.500 personnes réunies dans un auditorium de l'université Virginia Tech, près de Washington.
A l'entrée, une tente est dressée, imprimée du slogan "Démontrez-moi que j'ai tort" ("Prove me wrong"), identique à celle sous laquelle l'influenceur ultraconservateur a été fauché d'une balle dans le cou sur un autre campus universitaire du pays. Sur chaque siège, un poster avec son portrait sur fond de drapeau américain.
Dans le public, des dizaines et des dizaines de casquettes rouges avec l'inscription "Make America great again" (Rendre sa grandeur à l'Amérique), célèbre slogan du président Donald Trump. Sur les épaules des organisateurs, un tee-shirt blanc barré du mot "Freedom" ("Liberté") comme celui que Charlie Kirk portait le jour où il a été tué. Deux hommes en uniforme kaki, jumelles à la main, veillent depuis le toit de le bâtiment en pierre. Kieran Owen a découvert Charlie Kirk au moment de l'élection présidentielle de 2024 sur les réseaux sociaux.
"Il a fait un livestream que j'ai suivi jusqu'à 1h du matin. (...) Il avait le sens de la persuasion", raconte le lycéen de 16 ans à la voix timide. Sensible en particulier à sa foi et à ses positions anti-avortement, il envisageait déjà de faire le déplacement. Mais "ce qui s'est passé a éveillé quelque chose en moi".
"J'ai été très choqué. Il n'y a pas de place pour ça en Amérique", estime-t-il en faisant référence à la violence politique, qui a jalonné l'histoire des Etats-Unis. Toby Kinsinger, un ami du même âge qui l'a accompagné depuis le sud de la Virginie, n'était "jamais venu avant" à ce type de rassemblement. Tous deux s'imaginent "complètement" s'impliquer, une fois à l'université, dans Turning Point USA, le mouvement fondé par Charlie Kirk, devenu la référence de la jeunesse conservatrice américaine en une dizaine d'années. Comme Kayleigh Finch, elle fraîchement sortie du lycée, qui a grandi dans une famille conservatrice.
Croix autour du cou, t-shirt foncé arborant le mot "Jesus", elle n'a pas laissé dix heures de voiture dans la journée la décourager de venir depuis les alentours de Baltimore. Pour elle, il est "plus important aujourd'hui que jamais d'assister à ce genre d'événements, d'être présent pour montrer que vous ne pouvez pas réduire au silence une majorité comme celle-ci".
A 18 ans, Levi Testerman participe lui aussi à son premier rassemblement politique. "Deux choses que chaque Américain devrait savoir utiliser: la sainte Bible et une arme. Ni l'une ni l'autre ne sont enseignées à l'école", arbore le t-shirt de son père. "J'admirais Charlie Kirk. Je l'ai découvert sur TikTok. J'aimais le voir aller sur les campus universitaires, pour parler aux jeunes, aux nouveaux électeurs américains", explique-t-il à l'AFP. "Ce qui s'est passé m'a vraiment affecté."
Sa mort "m'a donné encore plus envie de venir ici aujourd'hui pour perpétuer l'héritage qu'il a créé. Et changer les opinions de plus de monde", poursuit-il. Retraitée de 66 ans, non politisée, Melissa Lucas Gardner est une nouvelle convaincue. "Je ne savais même pas qui était Charlie Kirk. Je ne l'avais jamais vu. Je ne l'avais jamais entendu jusqu'à ce qu'il s'est passé. Ca a créé toute une nouvelle dynamique", résume-t-elle à l'AFP. "Je suis définitivement une adepte", raconte l'ex-agent de police devenue infirmière, touchée par "la mission qu'il s'était donnée d'amener les jeunes d'abord vers la foi".
"Vous êtes le prochain Charlie", lance le gouverneur républicain de Virginie Glenn Youngkin, avant d'inviter l'assemblée à une prière collective, main dans la main jusqu'à travers les allées.
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