Antisémitisme : Ecoutez l’intégralité du discours bouleversant d’Arthur hier soir à l’Elysée où il s'émeut du silence de certaines personnes qu’il pensait être ses amis depuis le 7 octobre - VIDEO

Hier soir, à l'Elysée, le président français Emmanuel Macron a remis le prix Jean Pierre-Bloch de la LICRA à l'animateur Arthur et à l'humoriste Sophia Aram. Pendant 4 minutes, l'animateur et producteur a fait un discours bouleversant.

"Au lieu d'être heureux, je ressens quelque chose de plus profond qui me bouleverse, qui me glace. Je me dis qu'en France, en 2025, on remet une récompense à quelqu'un juste parce qu'il a dit que l'antisémitisme était inacceptable. Et ça ne me rend pas fier. C'est un signal d'alarme", débute-t-il à l'Elysée.

Et d'ajouter : "C'est vrai que, depuis le 7 octobre, j’ai parlé. Fort, parfois avec maladresse, souvent en colère, mais j’ai parlé pour rester debout, pour ne pas tomber, pour ne pas devenir fou. Parce que comme tous les juifs de France, je vis désormais avec une peur qui ne me quitte plus. Pas une peur abstraite, une peur intime, une peur qui vous réveille la nuit, qu’on avoue à demi-mot même à ses proches".

Arthur a ensuite évoqué ses parents "qui changent leur nom quand ils commandent un taxi", "ces étudiants qui baissent les yeux dans les couloirs de la fac, ces commerçants dont les vitrines sont tagguées, ces rabbins frappés en pleine rue".

"Je parle parce que je n'en peux plus du silence. Où sont-ils ? Où sont ceux qu'on admirait, ceux qui se levaient pour toutes les causes ? Les artistes, les penseurs, les féministes, les humanistes, les grandes voix. Les amis d'hier et d'aujourd'hui si silencieux, ou pire flous, tièdes, ambigus. Ce silence ce n'est pas de la douleur. C'est pire : c'est un abandon. Croyez-moi il blesse plus que toutes les insultes", poursuit l'animateur.

Avant de continuer en s'adressant au président de la République : "Monsieur le Président, cher Emmanuel, chers amis, je ne vous demande pas de ressentir ce que nous ressentons, de vivre nos peurs, de vous mettre à notre place mais de tenir votre place, celle qui engage, qui protège pour que l’histoire ne se répète pas".

"Tenez la ligne avant que les dernières digues ne cessent, tenez-la comme on tient la main d’un enfant, une promesse qu’on ne peut pas trahir, parce que ça commence toujours par les juifs et puis ça déborde, ça engloutit, ça emporte tout. Pendant que la République hésite, la haine, elle, avance. Elle s'installe, elle ne rase plus les murs, elle les signe", conclut Arthur.