
Un bouton "muet" pour faire cesser les questions insistantes? Un vote populaire pour choisir les journalistes accrédités? La présidence argentine de Javier Milei dit "réfléchir" à des "changements" dans le format de ses conférences de presse.
Une discussion pimentée a animé mercredi le briefing du porte-parole de la présidence Manuel Adorni, lorsque des journalistes l'ont interrogé sur un présumé "bouton muet" évoqué par certains médias. "Ca ne serait pas mal (...), le bouton muet quand vous allez un peu trop loin: j'appuierais sur le bouton... plus que tout quand vous ne voulez pas rendre le micro", a déclaré le porte-parole, à demi-sérieux.
"Ca me semble rigolo!" "Quand tellement de relances de questions font que vos propres collègues ont la sensation que vous prenez sur leur temps. Ce ne serait pas une mauvaise chose", a-t-il poursuivi.
"Par exemple, là, je te mettrais en +muet+", a-t-il lancé à un journaliste, sur le ton de la plaisanterie, évoquant une sorte de "Big Brother journalistique". Puis le porte-parole, tout à fait sérieux, a indiqué que se préparait une "résolution pour quelques changements dans la salle de presse" à la Casa Rosada, siège de la présidence. Changements évoqués il y a quelques mois déjà, au nom de "rendre la salle de presse toujours plus professionnelle".
Par exemple, "on réfléchit à un système où les journalistes (accrédités à la présidence) pourraient être élus par le peuple. Qui y est? Qui n'y est pas?", a-t-il poursuivi face à des journalistes un peu interdits.
"On l'analyse, on y réfléchit, de sorte que les gens se sentent représentés, informés (...) pour que vous puissiez faire le meilleur travail pour vos médias et pour les gens, parce qu'en définitive vous n'êtes pas là pour autre chose."
En soirée, le porte-parole a posté sur X un message plus direct: "Qui aimerais-tu voir quitter la salle (de presse)? Qui aimerais-tu qui y soit? Ca vient..."
La velléité de l'exécutif argentin n'est pas sans évoquer la volonté de la Maison Blanche d'ouvrir la salle de briefing aux "nouvelles voix des médias", autres que les médias traditionnels, que le président américain Donald Trump conspue régulièrement. L'ultralibéral Milei a lui aussi des relations difficiles avec la presse traditionnelle, s'en prenant régulièrement, voire insultant, des journalistes critiques.
Qualifiés, pêle-mêle, de "sbires", "vendus", "délinquants du micro". Javier Milei, hyperactif sur les réseaux sociaux et qui en 15 mois n'a pas donné une seule conférence de presse, privilégie la "communication directe" avec les Argentins, explique à loisir la présidence. Il est appuyé par une "brigade digitale" qui relaie, amplifie ses messages, ou cible des opposants. L'Adepa, influente association des médias argentins, s'est alarmée à plusieurs reprises d'un climat "hostile" à l'égard de la presse.
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Oh ! Qu'elle manière élégante de fermer le clapet de ceux qui dérangent ! Encore un pro de la démocratie sélective.
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