
"Elle fait partie de l'ADN de la série", décrit le réalisateur Just Philippot: "Une amie dévouée", sur la plateforme Max à partir de vendredi, est portée par Laure Calamy, en fausse victime de l'attentat du Bataclan, affaire qui avait défrayé la chronique. Révélée par la série "Dix pour cent" et césarisée pour "Antoinette dans les Cévennes", la comédienne joue Christelle, que tout le monde appelle "Chris" dans les quatre volets de moins d'une heure chacun de cette mini-série, une des plus attendues cet automne.
Cette quadragénaire, bloquée chez sa mère, sans boulot, s'invente un ami grièvement blessé dans l'attentat du Bataclan du 13 novembre 2015. Se rendant indispensable dans une association de rescapés, elle touchera aussi indûment des indemnités réservées aux victimes.
Cette "Chris" est le double fictionnel de "Flo", Florence M., condamnée à quatre ans et demi de prison en 2018 pour les faits transposés dans la série. Alexandre Kauffmann, auteur du livre-enquête "La mythomane du Bataclan", base de la série, est crédité au générique. "Alexandre a été une sorte de boussole quand on était trop éloigné ou trop proche du réel.
Il a surtout réalisé un brouillage pour protéger l'histoire et l'identité de celles et ceux rencontrés par le personnage principal", éclaire Just Philippot pour l'AFP. - Inexcusable et fêlures - Laure Calamy l'interprète, entre inexcusable et fêlures. "Les mythomanes sont porteurs d'une souffrance, ils éprouvent le besoin d'être regardés" et "s'accaparent l'histoire des autres" expose-t-elle dans le dossier de presse de la série. A l'issue de la projection en avant-première des deux premiers épisodes mi-septembre au Festival de la Fiction de La Rochelle, l'actrice avait insisté sur l'alchimie avec Just Philippot ("Acide", notamment, sur grand écran, avec Guillaume Canet et Laetitia Dosch).
"Quand on s'est rencontrés, une évidence est apparue", acquiesce le réalisateur. "Quand elle m'a dit, +quand je pense à la série, je pense à deux films+, j'ai attendu la réponse". "Je ne pensais pas que c'étaient les mêmes que les miens. Elle a cité +Sans toit ni loi+ d'Agnès Varda (avec Sandrine Bonnaire) et +Joker+ (avec Joaquin Phoenix, dont une suite vient de sortir) de Todd Phillips".
Soit "un grand écart de références" en commun "pour essayer d'être à la fois sur du cinéma d'auteur que j'aime et du cinéma grand public que je trouve extrêmement intelligent". Pour sa première série originale française, Max, dans le giron du conglomérat américain Warner Bros. Discovery, a osé un sujet sensible à un peu plus d'un an du dixième anniversaire des attentats de novembre 2015.
"J'ai eu très peur quand on m'a proposé la série, confie Just Philippot. Une des raisons pour lesquelles, au départ, je la refusais, c'était de réactiver notre mémoire". "Avec certaines scènes, j'ai ressenti exactement ce que j'avais ressenti il y a quasiment 10 ans. Laure d'ailleurs le dit (dans le dossier de presse, NDLR), dans la séquence du lendemain de l'attentat, où elle est au pied du Bataclan, elle était pétrifiée". Le réalisateur a rencontré Arthur Dénouveaux, président de l'association de victimes Life for Paris, "pour être le plus transparent possible sur comment on voyait les choses".
"Je pense que lui, sans être inquiet ni rassuré, parce qu'il était à une longue distance vis-à-vis de notre projet pour protéger ses adhérents, je crois qu'humainement, il a compris qui j'étais".
"Il a compris peut-être la démarche que j'essayais d'entreprendre, qui était de travailler avec pudeur et respect dans une fiction qui mêlait effectivement des faits inspirés du réel", brosse Just Philippot. L'attaque du Bataclan est ainsi juste évoquée par le bruit des sirènes de police et de secours saturant la nuit de la capitale.
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