21/04/2024 12:11

Deux chaînes de télévision privées critiques du gouvernement taliban, Noor TV et Barya TV, ont été suspendues cette semaine en Afghanistan

Deux chaînes de télévision privées critiques du gouvernement taliban, Noor TV et Barya TV, ont été suspendues cette semaine en Afghanistan, a confirmé à l'AFP le ministère de la Culture et de l'Information.

Les deux chaînes ont été suspendues mardi par la Commission des violations des médias, dans l'attente d'une décision de justice, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère, Khubaib Ghufran.

"Les chaînes Noor et Barya ont violé de nombreuses fois les valeurs islamiques et nationales", et "s'élèvent contre le système", a expliqué à l'AFP le porte-parole du ministère. "Elles diffusaient des programmes pour créer la confusion parmi le public. Les deux chaînes ont leurs propriétaires à l'étranger et diffusaient pour leur parti politique respectif (...) interdits dans le pays", a-t-il poursuivi. "Leurs propriétaires devront venir ici et répondre aux questions", a-t-il ajouté. En attendant, "la commission des violations des médias a suspendu leurs opérations et nous attendons la décision de la cour".

Noor TV appartient à Salahuddin Rabbani, ex-ministre des Affaires étrangères, dirigeant du parti islamiste radical Jamiat-e-Islami et fils de l'ancien chef de guerre et président Burhanuddin Rabbani. Il vit en exil. Barya TV est la chaîne de Habiburrahman Hekmatyar, le fils, lui aussi exilé, de l'ex-chef de guerre et ancien Premier ministre Gulbuddin Hekmatyar, du parti radical islamiste Hezb-i-Islami.

"La seule chose que vous n'obtiendrez pas de nous est le silence", a réagi sur la plateforme X Habiburrahman Hekmatyar après l'annonce de la suspension. "La plupart des programmes de Barya TV sont religieux et islamiques, mais les talibans cherchent (...) leurs propres interprétations... Ils ont peur que d'autres présentent la vraie interprétation de la religion", poursuit-il dans un autre post. Son père, Gulbuddin Hekmatyar, qui vit à Kaboul, a prononcé récemment devant de nombreux partisans des discours qui étaient critiques du gouvernement taliban, notamment à l'occasion de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du mois du ramadan. Il a été obligé par les autorités de changer de domicile récemment.

Dans un communiqué, le Centre des journalistes d'Afghanistan (AFJC) a appelé à la réouverture immédiate des deux chaînes de télévision. Le Centre "condamne fermement (...) une action contraire à la loi sur les médias et qui est une tentative flagrante d'étouffer la liberté de la presse". De nombreux médias ont fermé après l'arrivée au pouvoir des talibans en août 2021 et beaucoup de journalistes ont dû s'exiler. Selon Reporters sans frontières, des journalistes sont fréquemment arrêtés et interrogés en Afghanistan, pour quelques heures ou plusieurs semaines et travaillent sous des "directives répressives".

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