28/05/2023 13:02

L’ONG Reporters sans frontières dénonce les "pratiques trompeuses" de "Servir", la revue mensuelle des anciens de l'ENA - Le magazine faisant passer des "contenus sponsorisés pour des articles journalistiques"

Reporters sans frontières a dénoncé les "pratiques trompeuses" de "Servir", la revue mensuelle des anciens de l'ENA et de son successeur, l'INSP, le magazine faisant passer des "contenus sponsorisés pour des articles journalistiques", malgré un agrément qui lui donne droit aux aides indirectes à la presse.

"Editée par l'association éponyme des anciens de l'ENA, Servir est +destinée à éclairer la réflexion des décideurs publics et privés+", rappelle l'ONG de défense de la presse dans son enquête. Pourtant, "contre rémunération", cette revue influente aux 1300 abonnés, imprimée jusqu'à 15.000 exemplaires, "propose discrètement la production de contenus qui arriveront sur les bureaux de l'Elysée, au Parlement, dans les ministères et les collectivités territoriales", sans préciser la nature de ces publireportages, s'indigne RSF.

"L'association délègue à la Française de financement et d'édition (FFE), une agence de création de contenus et régie publicitaire (...) la charge de maquetter et imprimer la revue mensuelle" ainsi que la vente de ces contenus rémunérés, explique l'ONG. "En échange de 5.400 euros pour une page simple et de 1.100 euros supplémentaires pour une double, FFE offre au +client+ d'écrire lui-même sur sa structure, tout en fournissant +l'aide de ses journalistes si besoin+", ajoute RSF, déplorant la "confusion" entretenue par l'emploi du mot journaliste "plutôt que celui plus approprié de rédacteur ou de créateur de contenu".

"Selon la proposition commerciale, il est possible de faire les réponses mais aussi les questions de sa propre interview", sans qu'aucune mention du paiement n'apparaisse, ce qui constitue pour RSF "une forme de corruption des contenus, au moins une décision éditoriale censitaire". "Facteur de gravité supplémentaire", la revue créée en 1946 dispose depuis plus de 30 ans d'un agrément de la Commission paritaire des publications et agences de presse (CPPAP), qui ouvre droit "à des avantages tels qu'un taux réduit de TVA, une exonération de taxe professionnelle ou encore des réductions de frais postaux", souligne RSF.

Contacté par l'ONG, la présidente de l'association Servir et directrice de publication, Isabelle Saurat, élue en février 2023, a assuré ne pas "avoir conscience" que sa revue "ne respectait pas les normes", s'engageant à des changements. "Il faut être plus réglo. J'ai manqué de vigilance et je suis la principale responsable", a-t-elle déclaré, assurant avoir lancé une commission pour revoir les pratiques de communication de l'association, selon RSF. L'Institut national du service public (INSP) a succédé à l'ENA début 2022.

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