14/04/2022 17:39

La justice allemande annonce avoir déjoué des projets d'attentats d'un groupe d'«antivax», qui soutenait le président russe Poutine et voulait s'en prendre à «l'ordre démocratique»

La justice allemande a annoncé avoir déjoué des projets d'attentats d'extrême droite, fomentés par une frange radicalisée de la mouvance antivax, qui soutenait le président russe Poutine et voulait s'en prendre à «l'ordre démocratique».

Quatre personnes ont été arrêtées à l'issue d'un coup de filet dans un réseau de messagerie baptisé «Patriotes unis», qui visait la destruction «du système démocratique allemand», ont annoncé le parquet de Coblence et la police de la Rhénanie-Palatinat dans un communiqué. Le réseau organisé sur la plateforme Telegram envisageait aussi des enlèvements de personnalités de la vie publique, dont le ministre de la Santé Karl Lauterbach, partisan des restrictions face au Covid-19. Il s'est dit «bouleversé» en apprenant la nouvelle.

Le ministre de l'Intérieur de Rhénanie-Palatinat Roger Lewentz a parlé d'un «groupuscule d'extrême droite» rassemblant quelque «70 personnes» dans le pays, lors d'une conférence de presse. Toutes leurs réflexions «allant d'un renversement de l'ordre démocratique à la mise en place d'un nouveau gouvernement jusqu'à des déclarations selon lesquelles (le président russe Vladimir) Poutine devrait aussi réussir ici en Allemagne pour permettre l'avènement d'un nouveau système de gouvernement, sont pour le moins très condamnables», a-t-il jugé.

Le ministre social-démocrate de la Santé a de son côté dénoncé une dérive de certains «Querdenker» (littéralement anticonformistes), comme se désignent en Allemagne ces opposants à la politique gouvernementale de lutte contre la pandémie. Cela «montre non seulement que les protestations contre les règles anti-Covid se sont radicalisées, (...) mais qu'il y a parallèlement des tentatives de déstabiliser l'État», a-t-il réagi devant la presse, déplorant des agissements «d'une petite minorité mais très dangereuse». Ces suspects avaient notamment prévu de s'attaquer aux réseaux d'électricité pour provoquer «une panne de courant de longue durée sur tout le territoire», qui aurait, dans leur esprit, créé les conditions d'une «guerre civile», selon les autorités.

La police enquêtait depuis octobre 2021 sur ce groupe. Lors des perquisitions dans neuf régions mercredi, les enquêteurs ont notamment saisi des armes à feux et des munitions, de lingots d'or et pièces d'argent, des devises d'une valeur supérieure à 10.000 euros, ainsi que des téléphones portables dont l'analyse doit encore être effectuée. Ils ont aussi trouvé des faux certificats de vaccination contre le Covid-19, ou encore plusieurs documents écrits sur leurs plans pour renverser l'État. L'enquête porte sur 5 suspects, tous allemands, âgés entre 41 et 55 ans, dont 4 ont été arrêtés.

Les opérations policières visant la frange radicale de la mouvance anti-restrictions sanitaires se sont multipliées dans le pays qui a érigé la violence d'extrême droite au premier rang des menaces pour l'ordre public, avant le risque djihadiste. Cette mouvance est particulièrement mobilisée en Allemagne depuis le début de la pandémie de Covid-19 et active dans des groupes Telegram. Elle profère des menaces contre les élus ou lors de manifestations. Les protestations dans la rue se sont toutefois réduites à la portion congrue depuis l'allègement des restrictions dans le pays et l'échec récent d'une loi sur la vaccination obligatoire que le gouvernement d'Olaf Scholz n'a pas réussi à faire voter.

Plus globalement, l'Allemagne est en état d'alerte face au terrorisme d'extrême droite depuis le meurtre en juin 2019 par un militant néonazi d'un élu du parti conservateur d'Angela Merkel, Walter Lübcke, qui défendait la politique d'accueil des migrants de l'ancienne chancelière. Sa mort avait fait l'effet d'un électrochoc dans le pays. Début avril, les autorités allemandes ont notamment procédé à un vaste coup de filet dans les milieux terroristes d'extrême droite, dans le cadre d'une enquête plus large, associant police et services de renseignement militaire depuis 2019.

Quatre suspects du groupuscule «Knockout 51» avaient alors été arrêtés. Les investigations en cours visent aussi le groupe «Atomwaffen Division Deutschland», branche allemande du mouvement néonazi américain. Mercredi, le parquet fédéral a annoncé la mise en accusation d'un jeune Allemand sympathisant de ce mouvement soupçonné d'avoir voulu déclencher «une guerre des races» en Allemagne via des attentats à l'explosif et à l'arme à feu.

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