Banglavision, une chaîne de télévision privée du Bangladesh, a indiqué lundi
qu'elle arrêtait, sur ordre des autorités, de diffuser une interview en
trois épisodes consacrée au plus célèbre bourreau du pays, Babul Miah, et à
sa vie.
La première partie avait été diffusée la semaine dernière, mais
"nous avons été convoqués au ministère de l'Information et on nous a dit
d'arrêter", a déclaré à l'AFP un responsable de Banglavision, sous couvert
de l'anonymat. La peine de mort est en vigueur au Bangladesh et 411
personnes ont été exécutées depuis l'indépendance en 1971. Les bourreaux
sont recrutés parmi les détenus ou d'anciens condamnés.
Babul Miah, 37
ans, est devenu célèbre en janvier en pendant cinq hommes condamnés pour
l'assassinat en 1975 du père fondateur du Bangladesh Mujibur Rahman.
Condamné pour meurtre à l'âge de 16 ans, il a été libéré en août 2010 après
avoir effectué 21 ans de réclusion sur les 30 auxquels il avait été
condamné.
Il a bénéficié d'une remise de peine de 18 mois en raison de sa
fonction de bourreau et il a pendu neuf personnes depuis qu'il a commencé à
remplir cette tâche il y a sept ans, après une formation en prison.
"Flatté par le show télévisé" qui lui était consacré et "qu'on lui ait
permis de raconter son histoire", Miah, interrogé par l'AFP lundi dans son
village de Netrokona, dans le nord du pays, ne savait pas pourquoi
l'émission avait été annulée.
"J'ai vécu une joie immense lorsque j'ai
pendu les meurtriers de Bangabandhou" (titre honorifique de Mujibur Rahman),
a-t-il déclaré. "Mon père aimait beaucoup Mujib", a-t-il ajouté, utilisant
une autre appellation populaire du leader assassiné.
Questionné pour
savoir s'il éprouvait des remords pour ces années de bourreau, Miah a dit
que non, sauf pour un prisonnier qui avait pleuré et l'avait supplié de
l'épargner. "C'est la seule fois où je me suis senti très mal", a-t-il
dit.
Banglavision a fait défiler lundi un bandeau annonçant que l'émission
ne serait pas diffusée dans la soirée pour des "raisons de force
majeure".
"Ce type de programmes n'est pas bon pour les enfants", "cela
peut donner une mauvaise impression", a précisé à l'AFP le chef de
l'administration pénitentiaire, Ashraful Islam Khan.
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