02/02/2021 12:02

Twitter a bloqué des comptes et des tweets en Inde à la demande du gouvernement, dont ceux d'un important magazine d'information et d'agriculteurs qui organisent des manifestations dans la capitale

Twitter a temporairement bloqué un grand nombre de comptes et de tweets en Inde à la demande du gouvernement, notamment ceux d'un important magazine d'information et d'agriculteurs qui organisent des manifestations dans la capitale. Une source au sein du ministère des Technologies de l'Information a déclaré à l'AFP que le gouvernement avait demandé au géant des réseaux sociaux d'agir à l'encontre de quelque 250 comptes Twitter et de tweets au motif qu'ils représentaient une "grave menace pour l'ordre public". Des comptes ont été bloqués quelques heures lundi après-midi avant d'être de nouveau accessibles. Depuis le 26 novembre, des dizaines de milliers d'agriculteurs, la plupart venus du Punjab (nord), manifestent dans des camps érigés sur de grands axes routiers en périphérie de New Delhi. Ils protestent contre des réformes gouvernementales qui libéralisent les marchés agricoles et exigent leur abrogation pure et simple. Une manifestation à Delhi, la semaine dernière, a dégénéré en violents affrontements entre agriculteurs et forces de l'ordre. Depuis, la police a arrêté des dizaines de fermiers ainsi qu'un journaliste du magazine Caravan.

Les comptes Twitter de certains militants et représentants syndicaux d'agriculteurs, quelques leaders de l'opposition, d'un acteur et d'un expert économique ont notamment été bloqués en Inde. Un porte-parole d'agriculteurs a affirmé que "rien de répréhensible" ne pouvait être imputé aux comptes bloqués si ce n'est qu'ils apportaient leur soutien aux contestations qui durent depuis des mois. Le rédacteur en chef de Caravan, Vinod K. Jose, a souligné qu'il s'agissait de "la dernière d'une longue liste d'attaques ciblées" par les autorités contre des reportages de son magazine. Reporters sans frontières, l'ONG internationale de défense de la liberté de la presse a condamné ces suspensions, jugeant qu'il s'agissait d'un "cas choquant de censure manifeste". "En ordonnant ces blocages, le ministère de l'Intérieur se comporte comme un ministère de la Vérité orwellien qui veut imposer son propre récit de la contestation des agriculteurs", a-t-elle ajouté.

De son côté, une porte-parole de Twitter a argué qu'"il pouvait être nécessaire de refuser l'accès à certains contenus dans un pays particulier de temps en temps" si une demande "correctement délimitée" est faite. Depuis les heurts de mardi dernier à Delhi, au moins cinq affaires pénales ont été enregistrées à l'encontre de journalistes et d'un politicien de l'opposition, accusés de sédition et de conspiration pour leur couverture et leurs tweets relatifs à la manifestation. L'Inde a régulièrement recours à la fermeture d'accès à Internet, comme ce fut le cas la semaine dernière sur les sites des manifestations d'agriculteurs, pour limiter le partage d'informations pendant les troubles. Au classement mondial 2020 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières, l'Inde se place au 142e rang sur 180 pays.

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