L'information, l'éducation et la confiance sont trois clés du combat contre le complotisme, alimenté par les réseaux sociaux mais aussi la télévision, une faible éducation, et la défiance à l'égard des institutions, selon une étude de la fondation Jean Jaurès. Le recours à ces thèses, qui consistent à expliquer des évènements importants par des "complots secrets" menés "par deux ou plusieurs acteurs puissants", apparaît comme une "échappatoire" devant "le choc et l'incompréhension", quand "les repères individuels sont largement bouleversés", notent les auteurs Antoine Bristielle, agrégé en sciences sociales, et Tristan Guerra, chercheur en science politique.
Or, l'adhésion à ces thèses lors d'une pandémie peut avoir des conséquences "potentiellement désastreuses", étant donné que les personnes qui y souscrivent ont tendance, davantage que les autres, à ne pas respecter les gestes barrières ou à refuser la vaccination, prévient l'étude parue cette semaine. L'étude souligne que le fait de s'informer par la radio ou la presse écrite "diminue significativement le niveau des attitudes complotistes", mais prévient que "s'informer par internet ne rend ni plus ni moins complotiste que de s'informer par la télévision".
Elle conçoit que les réseaux sociaux "apparaissent comme de véritables incubateurs aux théories conspirationnistes", et souligne également qu'ils peuvent réunir des individus "prédisposés" à ces thèses, ce qui permet, dans l'espace "fermé" du réseau où les avis sont "similaires", de "créer un corpus idéologique" pouvant être réutilisé. Mais les auteurs mettent en garde contre la seule régulation des plateformes en ligne, en pointant le risque d'une "forme de censure" et en rappelant que si les utilisateurs sont déjà convaincus, la modération aura "peu d'effet".
Ils insistent sur l'éducation, puisque "moins un individu est éduqué, plus il aura tendance à croire dans les différentes théories complotistes", en saluant le développement des services de "fact-checking" et les modules d'éducation aux médias et à l'information. Mais le manque de connaissances n'explique pas "un autre mécanisme qui joue un rôle encore plus décisif", le "raisonnement motivé", qui consiste à "prêter attention aux informations qui confirment ses croyances et à rejeter celles qui les remettent en question". "Les personnes qui ne croient pas dans les versions officielles des évènements (...) ne croient pas dans la légitimité des institutions qui produisent ces discours officiels", notent encore le chercheurs.
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J'ai même l'impression que l'éducation est l'élément central. Quand je vois le nombre de personnes qui sont devenus experts médicaux ou spécialistes du système politique américain sur internet et qui pensent qu'en ayant lu 3 articles sur facebook ils en savent plus que des chercheurs ça fait peur...
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