03/01/2020 07:46

Frédéric Beigbeder veut rester ami avec Gabriel Matzneff: "J'ai peur qu'il se suicide mais je suis sans ambiguïté dans le camp de Vanessa Springora"

L'attribution du prix Renaudot essai en 2013 à l'écrivain Gabriel Matzneff, "était maladroite", estime Frédéric Beigbeder, qui est membre du jury,  sur le site du Parisien. Le livre récompensé, "un recueil d'articles sur la politique internationale, sur Schopenhauer, Kadhafi, etc", "nous avait paru brillant", se défend l'écrivain Frédéric Beigbeder.

"C'est clair qu'il n'aurait jamais eu le prix pour un de ses journaux intimes", poursuit-il, assurant que le jury avait "voulu aussi faire preuve de compassion" à l'égard de Gabriel Matzneff: "Ce n'était en aucun cas la consécration d'un monstre pédophile. Ce prix était maladroit", reconnaît Frédéric Beigbeder. "Évidemment, on se sent morveux. Les critiques littéraires ne sont ni des policiers ni des magistrats. On ne juge pas des livres sur des critères moraux, mais sur leur qualité d'écriture. Contrairement à ce que vous dites, Matzneff n'est pas un notable des lettres. Plus personne ne le fréquente. Il n'est interviewé nulle part. Ses livres ne se vendent plus depuis longtemps."

Mais l'auteur dit vouloir rester "ami" de Gabriel Matzneff, tout en le jugeant "indéfendable". "Parce que j'ai peur qu'il se suicide et que je n'ai pas envie de m'acharner sur un homme déjà cloué au pilori mais  pour autant je suis sans ambiguïté dans le camp de Vanessa Springora. Et puis je dois ajouter que je suis effrayé par la liste des pestiférés : Yann Moix en septembre, Peter Handke en novembre, Roman Polanski en décembre, Matzneff en janvier… Ce déferlement de haine me choque. Comme si on devait exécuter une personne par mois. Cela rappelle la « semaine de la haine » dans « 1984 » de George Orwell."

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