08/02/2015 17:32

Enquête: Les sourds en colère contre sous-titrages à la télé qualifiés de "véritable calvaire"

Par Marie MALZAC

Décalages, erreurs de retranscription, voire absence de sous-titrage.

La couverture des attentats de janvier sur certaines chaînes a exacerbé chez les sourds le sentiment d'exclusion, malgré les efforts de la TV ces dernières années.

Les éditions spéciales sur les chaînes d'information en continu "ont été un vrai calvaire", synthétise Sophie Drouvroy, qui est sourde.

Ces chaînes "n'ont pas rendu ces tristes événements accessibles, renchérit Emmanuelle Aboaf, dans la même situation de handicap, je devais attendre le journal de 20h pour comprendre ce qui se passait vraiment".

De manière générale, "nous avons souvent des décalages de sous-titres notamment pour les journaux télévisés qui varient entre 10 et 30 secondes, ce qui est énorme!", explique-t-elle.

En France, on estime à 300.000 le nombre des personnes sourdes; les malentendants seraient quant à eux près de six millions, dont de nombreuses personnes âgées perdant peu à peu l'audition.

"Techniquement, il y aurait une solution, affirme Nicolas About, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), ce serait que les signaux de télévision soient envoyés avec 7 à 10 secondes de retard, pour que les laboratoires aient le temps de sous-titrer, mais les chaînes s'y refusent pour le moment, en invoquant la nécessité d'un vrai direct". "C'est un argument assez insoutenable", estime-t-il.

La loi du 11 février 2005 sur l'accessibilité a imposé dès 2010 aux grandes chaînes de rendre accessibles 100% de leurs programmes, ce qui est globalement respecté. L'option télétexte s'active avec la télécommande.

Quant aux autres chaînes de la TNT dont l'audience est inférieure à 2,5%, elles sous-titrent entre 20 et 60% de leurs programmes. Mais la qualité est loin d'être toujours au rendez-vous, malgré la signature par les chaînes d'une charte sur le sujet en 2011.

"En matière de sous-titrage, le chemin est encore long, surtout pour les directs", constate ainsi Thierry Julien, sous-titreur télétexte et membre de l'association Audiovisuel accessible (AVA), qui dénonce la présence sur les chaînes françaises de nombreux programmes "sous-titrés comme des cochons", "sans respect de la langue et du sens".

Mais les chaînes ne contrôlent pas toujours la qualité du sous-titrage. Le développement du recours à la langue des signes, avec là aussi des exigences de qualité, est également en jeu. Mais de nombreux malentendants ne la pratiquent pas.

Autre problème: les sous-titreurs pour sourds et malentendants, environ 300 en France, qui bénéficiaient jusqu'à juillet 2014 du régime des artistes auteurs, en ont été radiés, ce qui a entraîné une précarité importante de ce secteur.

"Le plus étonnant, pointe encore Mme Drouvroy, c'est la télévision sur Internet: aucune obligation de sous-titrage pour (ce) média qui est maintenant omniprésent, sur les tablettes, les mobiles".

En outre, impossible de regarder une émission en rediffusion: les "replays" ne sont pas sous-titrés. Au cinéma, des obstacles se présentent également. Beaucoup de salles n'affichent pas de films sous-titrés et il s'agit seulement de films pour adultes.

"Partager un dessin animé en famille, c'est encore impossible en France", souligne Mme Drouvroy, mère d'un petit garçon de 7 ans. Les ratés du sous-titrage génèrent parfois des séquences cocasses, comme lorsque le sous-titrage de "Questions pour un champion" avait tourné en boucle sur France 3 pendant 24 heures.

On avait pu voir s'afficher à l'écran "la question à 1.000 euros" au moment d'une question d'un député au gouvernement.

Pour les personnes concernées, ces anecdotes représentent "des vexations et des frustrations quotidiennes". "Je mets au défi n'importe quel entendant de réussir à suivre une émission sous-titrée en direct", lance Sophie Drouvroy.

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Vos réactions

Portrait de tototor
6/février/2016 - 19h18

 

Bonjour,

 

Merci d'avoir rappelé dans l'article qu'il y a 6 millions de personnes malentendantes et 300 000 personnes sourdes pour lesquels le sous titrage est une aide, voire indispensable.

 

Il faut bien prendre conscience que 60% des personnes âgées sont malentendantes et apprécie le sous-titrage, et comme on est tous sensé devenir vieux, le sous-titrage nous concerne quasiment tous !!!

 

 

Mais alors pourquoi n'avoir mis que les Sourds dans le titre et pourquoi pas les personnes malentendantes ? Sans doute sont-ils plus revendicatifs que les personnes âgées qui finissent déprimées devant la difficulté de suivre la télé, seule distraction qui leur reste......

 

 

Bref, cela donnerai plus de poids, de citer dans le titre les personnes sourdes et malentendantes et dans l'article compléter avec toutes les personnes concernées par les sous-titres : personnes sourdes et malentendantes, personnes âgées, personnes étrangères ou apprenants de français, mutants,...et c'est quand même plus de 10% de la population !!!

 

 

Tototor, mutante verte avec 5 yeux et des antennes à faible captation sonores

 

Portrait de Sourdcitoyen95
9/février/2015 - 16h54

à SULLY

Pour quoi voulez-vous opposer les personnes sourdes et les personnes aveugles dans les moyens d'accès à la communication orale ou écrite des émissions de télévision comme des enfants se disputant quelques billes, alors que ceux qui décident et tirent les ficelles sont les responsables des chaines de télévision.

S'agissant de l'audiodescription, je vous informe que les associations nationales de personnes sourdes agissent en complète solidarité avec le CFPSAA pour obtenir une plus grande production de films ou émissions en audiodescription.

Au risque de vous contrarier, l'audiodescription existe déjà dans le direct (match de football par exemple... mais les sous titrages accompagnant les émissions de radio (Europe 1, France inter, RTL etc..) n'existent pas encore... mais  cela  semble être le cadet de vos soucis.... car écouter la radio c'est du parfait pour vous...

La Télévision est le seul moyen de communication instantanée pour les personnes sourdes dans l'accès aux informations en live..

Le sous-titrage est l' un des 3 moyens de compléter le contenu de l'information de l'image pour les personnes sourdes.(l'interprétation en LSF est le 2ème moyen et le LPC le 3ème - la Langue Parlé Codée)

Faudrait-on que les sourds s'accommodent de l'à peu près ??

Accepteriez vous , sans rien dire, que les journalistes de radio bafouillent et prononcent mal les mots ??

M. Philippe CHAZAL, vice Président du CFPSAA, vice Président du CNCPH a également paraphé la charte de qualité d'interprétation en LSF des émissions le 15 Janvier dernier avec nous.

Le mot "solidarité" à un sens honorable, respectable et positif pour lui, il me semble que ce n'est pas un mot très connu ni usité dans votre vocabulaire.

Quant à votre remarque dans votre PS, peut importe la présence d'une faute d'inattention dans mon texte. L'absence d'un S ou autre lettre est moins grave qu'une absence de raisonnement équitable et solidaire.

Ah.. une remarque.. le mot .."tort".. s'écrit avec un T et pas un D comme dans "tordu".

Vous avez mal vérifié...

Salutations.

Portrait de Sourdcitoyen95
9/février/2015 - 10h52

il est bien dommage de lire des critiques vexantes et discriminatoires sur le besoins et les exigences légitimes réclamés depuis toujours par les sourds et malentendants et concernant la qualité du sous-titrage sur les chaines de télévision nationales.

Il faut savoir que le 12 Décembre 2011, l'ensemble des responsables de chaines de télévision nationales ont signé au CSA  une charte d'engagement sur la qualité du sous-titrage avec les associations nationales représentatives de personnes sourdes et malentendantes.

Dernièrement encore, le 15 Janvier 2015 et toujours au CSA, avec ces mêmes responsables de chaines de télévision et d'associations nationales de personnes soudes ont signé une charte de qualité de la traduction en Langue des Signes Française dans les émissions des télévisions nationales.

Voir écrire ce commentaire que les personnes sourdes " un lobby veut carrément faire interdire le "vrai direct" à la majorité des gens, pour le confort d'une infime minorité..." nous infligent. Que cette personne sorte de l'ignorance et viennent rencontrer et discuter avec les personnes sourdes avant de sortir ces âneries, la fortifiera intellectuellement et socialement.

Un bien portant est un malade qui s'ignore.. Que celui qui ne connait pas la surdité peut, un jour, en être atteint. Des centaines de milliers de personnes devenues sourdes par l'âge, par la maladie ou par l'accident savent ce, maintenant, ce qu'est la vrai surdité.

Portrait de coquelicot1969
8/février/2015 - 20h29

Les sourds n' intéressent les politiques qu' au moment des élections , là on a droit pendant les meetings télévisés à des traducteurs en langue des signes, sinon c'est le vide  à part sur France3 pour les questions au gouvernement une fois par semaine.

Je ne suis pas sourde et n' en connais pas autour de moi, j' ai quand même remarqué la pauvreté du télétexte, affligeant .

Portrait de Ronan_Berthelot
8/février/2015 - 19h44
Bernard Buvard5 a écrit :

Sinon pour s'informer, il y a internet, on peut choisir ses sources, c'est plus approfondi,  et le son n'est pas nécessaire...

 

Mais non, un lobby veut carrément faire interdire le "vrai direct" à la majorité des gens, pour le confort d'une infime minorité...

Tout à fait, personne ne va croire que quelqu'un ait vraiment attendu 20h pour s'informer des évènements...

Cela dit, ça n'empeche pas les chaines de chercher des moyens pour automatiser la retranscription ou systématiser les sous titres sur les programmes en différés, je ne sais pas si c'est actuellement au point mais je m'attends à ce que cela fasse partie de la mission de service public de France Télévision