17/04/2013 09:57

Conseil de surveillance aujourd'hui à Libération: Nicolas Demorand en cause

Le Conseil de surveillance de Libération, qui représente les actionnaires du quotidien, se réunit mercredi pour examiner notamment la question des statuts du journal dans un climat de défiance de la rédaction vis-à-vis de son patron Nicolas Demorand, qui risque de se retrouver sur la sellette.

La Société Civile des Personnels de Libération (SCPL), actionnaire minoritaire aux côtés d'Edouard de Rothschild et Bruno Ledoux, demande l'application des statuts du journal qui prévoit explicitement une séparation des fonctions de directeur du journal (président du directoire) et de directeur de la rédaction.

Ces deux postes sont actuellement occupés par Nicolas Demorand, fortement décrié par la quasi-totalité des personnels.

Dernier épisode en date, la fameuse Une indiquant que Laurent Fabius démentait une rumeur sur un éventuel compte en Suisse. "Une faute déontologique grave", avait réagit la SCPL.

"Cet épisode dommageable à l'image de Libération, qui engage la responsabilité de Nicolas Demorand, illustre une nouvelle fois la mauvaise gouvernance du journal", dénonçait le jour-même la SCPL.

Cet affaire, selon la SCPL,"confirme l'urgence de l'élection d'un directeur de la rédaction de plein droit, en vertu des statuts de l'entreprise, réclamée depuis le 19 mars par 94% de l'équipe".

Le 19 mars, lors d'une assemblée générale houleuse, 94% des quelque 200 votants s'exprimaient en faveur d'une séparation claire des fonctions.

La SCPL évoquait alors "un climat de tension" qui exigeait "l'apaisement".

La distinction des deux postes remontait à Serge July, patron-fondateur du journal. Après son départ demandé par Edouard de Rothschild, nouvel actionnaire principal du journal en 2006, le cumul avait été appliqué par Laurent Joffrin à titre temporaire, mais avait duré jusqu'à son départ début 2011.

Désaveu pour l'équipe dirigeante

Nicolas Demorand, en lui succédant, cumule lui aussi les deux fonctions.

Quelques mois après son arrivée, la greffe prend mal et il doit essuyer une première motion de défiance en juin, puis une deuxième en avril l'année suivante.

"La situation du journal réclame un président du directoire à plein temps, mais aussi un directeur de la rédaction à plein temps, fonction que Nicolas Demorand ne remplit pas", estimait en mars la SCPL.

Nombre de journalistes ne cachent pas leur désapprobation envers l'équipe dirigeante du journal, en particulier depuis le départ du directeur délégué Vincent Giret, parti diriger la rédaction du Monde au côté de Natalie Nougayrede.

"Le départ de Giret est l'occasion pour les actionnaires de revenir à une application des statuts, et un nouveau vote pour approuver la nomination du directeur de la rédaction", souligne un cadre de la rédaction.

"On est en crise ouverte, on va passer à la guerre de position si cette question des statuts n'est pas tranchée", estime un journaliste.

"Si une majorité des actionnaires décidait de confirmer la possibilité de cumul des fonctions, il faudra exiger un vote de confirmation pour Demorand, et là il risque fort de ne pas être approuvé", a-t-il ajouté.

"Libération doit déjà affronter une crise de la presse grave, on ne peut pas se payer là-dessus une crise de gouvernance", tempère un autre qui estime possible "de composer avec Demorand".

Le journal, qui doit fêter cette année ses quarante ans d'existence, voit en effet ses ventes stagner, avec en 2012 une diffusion France payée (DFP) de 119.418 exemplaire en moyenne chaque jour, 0,18% de moins qu'en 2011.

Selon les règles actuellement en vigueur, pour être adoubé à la direction du journal, un candidat doit recueillir un tiers de votes favorables. Il s'agit en réalité d'un scrutin "à l'envers": il ne doit pas totaliser 66% de votes contre son nom sous peine de ne pas être nommé.

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