20/10/2012 15:37

Les cinéastes français défendent "l'exception culturelle" à l'heure de la numérisation

Par Nadège PULJAK

Les cinéastes français, réunis à Dijon (centre-est) jusqu'à samedi, ont défendu bec et ongles "l'exception culturelle" face aux nouveaux défis imposés par la numérisation, en demandant au gouvernement de défendre leur cause à Bruxelles.

"Le président François Hollande m'a chargée de vous dire que +l'exception culturelle+ sera à l'agenda de tous ses rendez-vous européens", a voulu les rassurer la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. "Il a conscience que la culture est au coeur de notre identité, notre citoyenneté", a-t-elle ajouté.

L'Association française des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP), présidée par le réalisateur Michel Hazanavicius, oscarisé en 2012 avec "The artist", organise chaque année des Rencontres cinématographiques à Dijon. Thème choisi pour cette nouvelle cuvée, à laquelle participent environ 600 personnes: "l'exception culturelle 2.0".

Pour les cinéastes français, il s'agit de passer à la phase II de "l'exception culturelle" face aux nouveaux défis imposés par la numérisation et l'arrivée sur le Net de nouveaux supports de diffusion de films (les Fournisseurs d'accès à internet - FAI) tels que Itunes, Amazon, Google, Youtube, Dailymotion...

C'est précisément cette "exception culturelle", gagnée de haute lutte devant le GATT en 1993 par la France, qui fait que les objets culturels ne sont "pas des marchandises comme les autres", a rappelé vendredi après-midi Mme Filippetti.

Grâce à un système de financement original -- à travers des taxes payées par toute la filière, reversées au Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) qui redistribue à son tour à l'industrie cinématographique -- cette exception culturelle permet aujourd'hui au cinéma français d'être en bonne santé.

Alors par exemple que l'Italie, à la production cinématographique florissante il y a trente ans, mais qui ne dispose pas d'un tel système, ne produit quasiment plus de films, la France caracole en tête du cinéma européen avec 230 films par an environ (représentant un investissement d'1,4 milliard d'euros, selon l'ARP).

Mais avec la numérisation des films et l'apparition des vidéos à la demande (VàD, ou VOD), le système risque de péricliter. Nombre de FAI ont fait appel à la Commission européenne pour ne pas avoir à payer la Taxe sur les services de télévision (TST, qui a rapporté près de 400 millions d'euros en 2011, selon l'ARP).

Depuis six mois maintenant, Paris est en discussion à ce sujet avec Bruxelles, plutôt encline à donner raison aux FAI et qui doit donner sa réponse "le 21 novembre", a rappelé la ministre. D'où la grande inquiétude des cinéastes.

Nombre d'entre eux -- Michel Hazanavicius, Claude Lelouch, Robert Guédiguian, Pierre Jolivet, Radu Mihaileanu... -- ont signé un "manifeste" adressé au gouvernement, dans lequel ils lui demandent "l'affirmation d'une politique culturelle claire et forte (...) face à la politique libérale prônée par Bruxelles".

A leurs yeux, "il est urgent de passer à l'Acte II de l'Exception culturelle: notre mode de financement a toujours reposé sur un principe simple, selon lequel les diffuseurs de nos oeuvres, quels qu'ils soient, devaient participer au financement de ces oeuvres (...) Les nouveaux entrants et nouveaux diffuseurs doivent s'intégrer harmonieusement à cet équilibre, et c'est le rôle des politiques de se battre pour que ce principe soit respecté", insistent-ils.

En attendant, "on a le sentiment d'être coincé entre deux monstres informes: Bruxelles et le numérique", a déploré Michel Hazanavicius.

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Vos réactions

Portrait de Ridley
22/octobre/2012 - 00h02
Big Ben a écrit :

prendre toutes les aides et subventions en France et aller tourner en Europe de l'est, c'est ça l'exception culturelle française

+5 

Portrait de Ridley
22/octobre/2012 - 00h01
chris_ewing a écrit :

ils sont chiants ces realisateurs français, qu'ils nous fassent des bons films comme les anglo saxons et non des films mou du genou  avec des mises en scène bien fades sans oubliers les gros blancs pendant les dialoguessmiley

Parfois il y a de bons films français  

Portrait de beldemai
20/octobre/2012 - 19h14 - depuis l'application mobile

L'exception culturelle n'est qu'un vain mot dont se gargarise les Réalisateurs français dont on connait l'exceptionnelle médiocrité

Portrait de christianmiel
20/octobre/2012 - 15h56

jusqu'a quand on va payer pour cette soi disante culture(redevance tv taxe sur les supports taxe sur les fai taxe google etc etc etc etc Je ne vois pas pourtant la pauvreté dans le showbizz ou l'argent coule a flots