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Après deux ans d'incertitudes, le quotidien britannique The Telegraph pourrait avoir enfin trouvé son nouveau propriétaire: Le fonds américain RedBird annonce un "accord de principe" pour un rachat

Par Olivier DEVOS

Après deux ans d'incertitudes et de rebondissements, l'influent quotidien conservateur britannique The Telegraph pourrait avoir enfin trouvé son nouveau propriétaire: le fonds américain RedBird a annoncé vendredi un "accord de principe" pour un rachat à 500 millions de livres (595 millions d'euros).

A l'issue d'une saga qui aura vu le gouvernement britannique bloquer une tentative de prise de contrôle par un fonds émirati et plusieurs repreneurs potentiels renoncer, cet accord ouvre "une nouvelle ère de croissance" pour le Telegraph, assure RedBird Capital Partners dans un communiqué.

Le vénérable quotidien britannique, fondé il 170 ans, propriété depuis 2004 de la richissime famille Barclay, avait été mis en vente d'office fin 2023 par la banque Lloyds pour éponger de lourdes dettes. Une coentreprise entre Redbird et le fonds d'investissement dans les médias d'Abou Dhabi (IMI), baptisée Redbird IMI, avait d'abord passé un accord avec la famille Barclay et remboursé sa dette en échange d'une option pour prendre le contrôle de l'entreprise.

Mais la perspective de voir un fonds émirati contrôler l'une des publications les plus influentes au Royaume-Uni avait inquiété le gouvernement conservateur britannique, qui avait décidé de légiférer pour bloquer la prise de contrôle de journaux britanniques par des États étrangers. Redbird IMI avait jeté l'éponge.

C'est finalement le fonds américain seul qui offre de devenir "l'actionnaire majoritaire" mais précise être en discussions avec "des investisseurs minoritaires britanniques" triés sur le volet, "spécialistes de la presse écrite et résolument engagés à défendre les valeurs éditoriales du Telegraph".

Le fonds, qui a déjà investi en Europe dans des clubs de football tels que le Milan AC ou Liverpool, dit vouloir se focaliser sur les opérations numériques du Telegraph, les abonnements ou "les meilleurs talents journalistiques", et développer la publication à l'international, notamment vers les Etats-Unis. Selon The Telegraph, le fonds d'investissement émirati IMI, partenaire initial de RedBird, conservera toutefois une participation.

Celle-ci pourrait atteindre 15%, seuil récemment évoqué par l'actuel gouvernement travailliste comme limite pour les investissements d'Etats étrangers, dans le cadre de réformes actuellement en discussions. Il s'agit d'un assouplissement par rapport à un seuil plus strict de 5% envisagé précédemment, ce qui a pu aider à débloquer l'accord concernant le Telegraph, selon la presse britannique.

"La presse libre et indépendante" du Royaume-Uni "est une richesse nationale sans égale" et le pays doit avoir "des mesures fortes pour permettre un contrôle des acquisitions qui pourraient aller à l'encontre de l'intérêt public", a assuré la semaine dernière la ministre de la culture Lisa Nandy.

Mais tout en "soutenant pleinement la nécessité de protéger les médias d'information du contrôle des États étrangers", la responsable avait reconnu "que les organisations de presse doivent être en mesure de lever des fonds". Le propriétaire du site d'information américain The New York Sun, Dovid Efune, un temps donné comme repreneur favori du Telegraph, était entré en octobre dernier en "négociations exclusives" de rachat, mais il avait ensuite eu du mal à réunir les 550 millions de livres promis.

Selon The Telegraph, M. Efune n'a pas jeté l'éponge et si l'offre de RedBird "semble favorite" aujourd'hui, "des obstacles subsistent pour conclure l'accord". L'hebdomadaire britannique The Spectator, qui se décrit comme le plus vieux magazine au monde et qui était lui aussi propriété du groupe du Telegraph, a quant à lui été racheté séparément en septembre par le propriétaire de fonds spéculatif Paul Marshall pour 100 millions de livres.

Un autre titre britannique prestigieux a changé de mains ces derniers mois: le journal britannique The Observer, plus ancienne publication dominicale au monde, a été vendu en décembre par le Guardian au site internet d'actualité Tortoise Media.

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