
Le géant américain Amazon poursuit sa percée dans la vente en ligne de produits de santé sans ordonnance (hygiène, beauté, vitamines..) en Europe sans pour autant complètement bousculer les habitudes des Français qui conservent le "réflexe" de se rendre en pharmacie.
La vitalité du géant américain de la livraison sur ce segment s'est confirmée au premier trimestre 2025 en France, marquée par une croissance de 43% sur un an, après +44% sur l'ensemble de 2024, selon des chiffres du cabinet d'analyse de données de santé, Iqvia, communiqués à l'AFP.
"Les trois-quarts des produits commercialisés par Amazon sont de nouvelles références sur le marché européen, principalement dans la dermo-cosmétique, dont les marges sont plus élevées", souligne Iqvia.
Cette progression reflète plus largement l'essor du e-commerce de produits de santé en vente libre en Europe, qui "affiche une croissance dynamique dans tous les pays, mais la part de marché reste limitée par rapport aux canaux traditionnels", c'est-à-dire les pharmacies, "notamment en France", tempère ce spécialiste.
Les disparités restent notables d'un pays à l'autre. En Espagne, la progression de la vente sur internet de ces produits en vente libre comme les sirops contre la toux, les vitamines et compléments alimentaires, les produits d'hygiène ou de beauté atteint 25%. Suivent la Pologne (18%), l'Italie (16%) ou encore l'Allemagne (11%).
En France, l'expansion des commandes sur internet est plus mesurée (+6%) mais elle dépasse celle des pharmacies traditionnelles (+3,5%).
En termes de parts de marché, "la pharmacie en ligne représente à peu près 2% du total en France et 3% si on ajoute Amazon, donc cela reste relativement confidentiel", nuance Paul Reynolds, expert chez Iqvia France.
Grâce à une forte présence territoriale, les quelque 22.000 pharmacies de France restent ainsi le premier point de vente.
"Année après année, le réflexe d'aller chercher conseil en pharmacie se confirme. D'autant plus depuis le Covid, où il y a eu un renforcement du lien de proximité entre les Français et leur pharmacien", constate le spécialiste.
Cet attachement aux officines renforce le monopole pharmaceutique - en France, seule une officine dirigée par un pharmacien peut vendre des médicaments - que l'Ordre national de la profession veut préserver face à l'essor du e-commerce.
"On comprend bien qu'aujourd'hui il y a une recherche de simplicité d'accès", déclarait récemment à l'AFP la présidente de cet organisme, Carine Wolf-Thal. Mais "parce qu'il n'y a aucun médicament anodin", "les pharmaciens sont justement là pour éviter les mésusages et les surconsommations".
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