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Cambrai: De la prison ferme et du sursis requis envers deux hommes jugés pour avoir diffusé des photos et vidéos intimes d’une jeune femme et l’avoir harcelée, conduisant à son suicide en 2023

De la prison ferme et du sursis ont été requis mardi envers deux hommes jugés au tribunal correctionnel de Cambrai (Nord) pour avoir diffusé des photos et vidéos intimes d’une jeune femme et l’avoir harcelée, conduisant à son suicide en 2023.

Tous les deux avaient entretenu une relation avec Marina F., qui s’est pendue le 7 février 2024, à l’âge de 21 ans, à la suite de plusieurs années de harcèlement et après que son petit ami, auquel ces images venaient d’être envoyées, eut rompu avec elle.

Les deux prévenus étaient jugés pour diffusion sans l’accord de la personne d’images à caractère sexuel et pour harcèlement d’un conjoint ou ex-conjoint l’ayant conduit au suicide, un délit reconnu en France depuis 2020 dans la foulée du Grenelle des violences conjugales, mais pour lequel les condamnations restent rares.

De nombreux proches de la victime, qui était routière, ont assisté au procès, vêtus de T-shirts « Justice pour Marina », montrant la photo d’une jeune femme rousse souriante. Yohann P., 25 ans, est poursuivi pour avoir diffusé sans son accord des vidéos de ses rapports sexuels avec elle, tournées en 2018 avec son consentement alors qu’ils étaient en couple et qu’elle était encore lycéenne, et l’avoir harcelée par des messages.

Longuement interrogé sur sa reprise de contact avec Marina en 2023 et le chantage qu’il a alors exercé sur elle, il a répété dans un murmure: « Je ne saurais pas vous dire » mais, acculé, a fini par reconnaître certains faits qui lui sont reprochés.

Le second prévenu, Jean-François I., 36 ans, un homme marié qui fréquentait Marina à l’automne 2023, en parallèle de la relation de la jeune femme avec son petit ami, l’est pour avoir envoyé les mêmes vidéos à ce petit ami officiel et pour avoir harcelé la jeune femme via des messages répétés lui demandant ses activités et localisations et l’injuriant.

Il a expliqué avoir transmis au petit ami de Marina les vidéos ainsi que des photos nues d’elle pour « lui ouvrir les yeux » sur le double jeu de sa compagne. Le procureur a requis 18 mois d’emprisonnement avec sursis à l’encontre de Yohann P. et 24 mois dont 12 avec sursis probatoire pendant deux ans à l’encontre de Jean-François I.

Il a rappelé qu’il n’est pas nécessaire que le harcèlement soit la cause unique du suicide pour que cette circonstance aggravante soit retenue. Ces vidéos intimes ont gâché la vie de Marina pendant des années. « A chaque fois qu’on allait dans les magasins, elle se faisait siffler, insulter », a raconté mardi sa mère, en larmes.

La jeune femme avait déposé plainte en 2019 (classée sans suite) puis en 2023 parce que les vidéos continuaient de circuler en ligne. Le suicide forcé, « c’est le crime parfait, car on tue à petit feu », a pointé dans sa plaidoirie l’une des avocates des parties civiles, Sabrina Leblanc, tandis qu’Eric Villain, l’avocat de Yohann P., a dénoncé une enquête « bâclée ».

 

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