Visage du cinéma français et lauréat de 3 César, l'acteur Niels Arestrup, 75 ans, est décédé ce matin chez lui, des suites d'une longue maladie, dans sa maison de Ville-d'Avray dans les Hauts-de-Seine, annonce le site Pure People. "J'ai la douleur extrême de faire part du décès de mon époux, l'immense acteur Niels Arestrup, au terme d'un combat courageux contre la maladie. Il s'est éteint entouré de l'amour des siens", a écrit dans un communiqué son épouse, Isabelle Le Nouvel.
Regard bleu et silhouette massive, Niels Arestrup, décédé dimanche à l'âge de 75 ans, s'était imposé en 50 ans de carrière comme l'un des grands comédiens français, aussi à l'aise dans les classiques au théâtre que dans la peau d'un truand au cinéma.
Discret, voire timide, mais redouté dans le métier pour son tempérament explosif qui lui a valu des accusations de violences par des actrices, il a joué dans plus d'une cinquantaine de films et autant de pièces de théâtre.
Un parcours jalonné de rencontres décisives, comme celle du cinéaste Jacques Audiard qui lui a donné deux de ses meilleurs rôles à plus de 50 ans, dans "De battre mon coeur s'est arrêté" en 2005 et "Un prophète" quatre ans plus tard, récompensés par un César du meilleur second rôle.
"Tous mes incendies": le titre de son autobiographie paru en 2005 résume le personnage, longtemps tourmenté, qui a souvent joué les salauds au cinéma, avant d'interpréter les pères fatigués, les escrocs sur le retour ou encore, dans "Quai d'Orsay" (2013), le directeur de cabinet d'un ministre des Affaires étrangères, qui lui a permis d'obtenir un troisième et dernier César.
Né le 8 février 1949 à Montreuil, d'un père danois qui avait fui son pays pendant la Seconde Guerre mondiale, devenu chef d'atelier, et d'une mère française, il s'inscrit dans un cours de théâtre après le lycée et alterne les rôles sur scène et au cinéma.
A 25 ans, il est le secrétaire de Trotski dans "Stavisky" d'Alain Resnais, une grosse production avec Jean-Paul Belmondo en vedette, mais il aligne aussi les seconds rôles pour Claude Lelouch, Yves Boisset ou Jeanne Moreau.
Au théâtre, son terrain favori, il interprète Dostoïevski, Jean Genet, August Strindberg, ou "La Cerisaie" d'Anton Tchekhov, mise en scène en 1981 par Peter Brook aux Bouffes du Nord, autre rencontre déterminante. Sans jamais lâcher le théâtre, Niels Arestrup a bâti sa notoriété sur la durée.
Plus attaché à la qualité de ses choix et de son travail qu'à une célébrité tardive qu'il fuit au maximum. Il affirme d'ailleurs n'avoir "jamais voulu être connu" et se tient à l'écart des mondanités du spectacle.
Il a longtemps eu l'image d'un partenaire difficile. En 1983, Isabelle Adjani renonce à son rôle dans "Mademoiselle Julie", à la suite d'une gifle du comédien. En 1996, c'est Myriam Boyer qui est licenciée de la pièce "Qui a peur de Virginia Woolf ?" à la suite d'un échange de coups. Son double parcours le situe dans la lignée des pointures de la génération précédente, qui ont fait leurs classes au théâtre avant de s'imposer sur grand écran.
La presse salue d'ailleurs régulièrement en lui un "immense comédien", également vu à la télévision dans la série de fiction politique "Baron noir" en 2016 et récompensé par un Molière du meilleur comédien en 2020. Jamais rassasié, il a lui-même mis en scène des pièces intimistes, comme "Beyrouth Hôtel" (2008), "Big Apple" (2014) de la comédienne Isabelle Le Nouvel, son épouse à la ville, où les "Lettres à un jeune poète" de Rainer Maria Rilke, auquel il prêtait également sa voix grave en 2005.
Il est aussi l'auteur de plusieurs pièces, dont "Le temps des cerises", interprétée en 2008 par Cécile de France et Eddy Mitchell.
Son image sulfureuse s'était estompée avec l'âge. Père de jumeaux à 62 ans, il affichait ces dernières années une confiance tranquille.
"Pour envisager d'avoir des enfants, il a fallu que je sois très amoureux, que j'arrive à un moment de mon existence où je suis enfin stabilisé", confiait-il en 2014 dans Paris Match.
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Vos réactions
J'attends les réactions d'Adjani, Miou-Miou et Myriam Boyer. Maria Schneider n'est plus là pour témoigner de la brutalité de cet homme violent
Un caractère violent
J'attends les réactions d'Adjani, Miou-Miou et Myriam Boyer. Maria Schneider n'est plus là pour témoigner de la brutalité de cet homme violent
un très bon acteur Reposez en paix monsieur.
Immense acteur, toujours un jeu sobre et juste dans tout ses rôles !
RIP
R.I.P
Immense acteur, parmi les plus talentueux de sa génération, sinon le meilleur. RIP monsieur Arestrup.
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