
Deux enquêtes pour violences volontaires aggravées ont été ouvertes après l'interpellation samedi de Youssouf Traoré lors d'une marche interdite à la mémoire de son frère Adama, dont la mort en 2016 a été érigée en emblème des violences policières en France.
Ces investigations confiées à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été lancées alors que l'action des forces de l'ordre est à nouveau sous le feu des critiques, depuis la mort le 27 juin à Nanterre du jeune Nahel, tué par un policier lors d'un contrôle routier.
Après plusieurs nuits consécutives d'émeutes dans toute la France, la préfecture du Val-d'Oise avait interdit la marche annuelle prévue samedi dernier à la mémoire d'Adama Traoré, jeune homme noir de 24 ans décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016.
Sa sœur Assa, à la tête du comité organisateur de la manifestation, a décidé de braver l'interdiction en appelant à un rassemblement place de la République à Paris, à son tour déclaré illégal par la préfecture de police de la capitale.
C'est en marge de cette marche, qui a rassemblé près de 2.000 personnes dont des élus de gauche, que l'un de ses frères a été interpellé et blessé par des policiers.
Youssouf (Yssoufou sur son état civil) Traoré est accusé par les forces de l'ordre d'avoir "porté un coup" à une commissaire au début du rassemblement. Il a été arrêté plus tard par des policiers près de la gare de l'Est, lors de la dispersion dans le calme des participants.
La scène a été filmée par plusieurs témoins et largement relayée sur les réseaux sociaux.
Cette vidéo montre Youssouf Traoré résister avant d'être plaqué et maintenu au sol par plusieurs fonctionnaires de la Brav-M, une unité de police à moto dont le comportement a été très décrié pendant la mobilisation contre la réforme des retraites au printemps.
On voit également sur ces images une femme tomber au sol après avoir été poussée brutalement par un policier, ainsi que trois journalistes projetés à terre.
M. Traoré et la jeune femme ont porté plainte, provoquant l'ouverture de deux enquêtes pour violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) de moins de huit jours et commises par personne dépositaire de l'autorité publique, a précisé mercredi le parquet de Paris, contacté par l'AFP.
Cette vidéo a suscité l'indignation de plusieurs élus de gauche. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, leur a répondu qu'il "assumait pleinement" l'interpellation de Youssouf Traoré.
Concernant les violences dénoncées par les journalistes, une enquête administrative a été lancée et deux plaintes pénales encore en cours d'analyse au parquet de Paris.
Pour Assa Traoré, Youssouf Traoré a été victime d'un "guet-apens". La vidéo documentant son arrestation a "réveillé beaucoup de choses. Mon frère (Adama) est mort exactement de la même façon", a-t-elle confié.
Selon le compte rendu médical que l'AFP a pu consulter, le plaquage ventral subi par son frère lui a causé une fracture du nez, un traumatisme crânien avec contusion oculaire, des contusions thoraciques, abdominales et lombaires.
Et selon sa plainte dont l'AFP a eu connaissance, la jeune femme souffre, elle, de contusions à l'épaule droite et aux avant-bras notamment.
Contacté par l'AFP, leur avocat, Me Yassine Bouzrou, n'a pas souhaité commenter l'ouverture des enquêtes.
Des associations, syndicats et partis politiques classés à gauche (parmi lesquels LFI, EELV, CGT et Solidaires) ont appelé à une nouvelle "mobilisation large" contre les violences policières samedi à Paris.
Mais le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a d'ores et déjà annoncé mercredi que ce rassemblement serait interdit, "ainsi que toute autre manifestation en lien direct avec les émeutes" jusqu'au 15 juillet.
Vos réactions
Manifestation interdite donc les participants savent ce qu'ils peuvent encourir ....
Tant que c'est l'IGPN qui s'en occupe, il n'y a pas grand chose à craindre pour les flics (même si je suis d'accord pour dire aussi mon mépris vis à vis de ces traoré qui ne sont là que pour foutre le bordel). Il est de plus en plus dit que la Brav-M est une section de police particulièrement violente et répressive (une version moderne des "voltigeurs à moto", bien connus dans les années 1970 et 8
, qui ne s'embarrasse pas trop des règles à respecter, qu'il y a quelques cow-boys parmi eux, qui devait être dissoute au vu des nombreuses plaintes déposées, mais dont on a besoin et dont on ne peut se passer pour le moment, d'après la déclaration même du Préfet de Paris.
1 jour sans paye et 1 engueulade, 3 jours sans paye pour le policier violent et hop, retour à la Brav-M.
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