22/08/2022 14:31

L'autorité pakistanaise de régulation des médias a interdit dimanche aux chaînes de télévision de retransmettre en direct les allocutions de l'ex-Premier ministre Imran Khan

L'autorité pakistanaise de régulation des médias a interdit dimanche aux chaînes de télévision de retransmettre en direct les allocutions de l'ex-Premier ministre Imran Khan. Cette interdiction, immédiatement entrée en vigueur, a été proclamée dans la nuit de samedi à dimanche. Renversé le 10 avril par une motion de censure, l'ancien joueur vedette de cricket a depuis organisé de vastes rassemblements dans le pays pour faire pression sur la fragile coalition au pouvoir. M. Khan a participé samedi à un rassemblement dans la capitale, Islamabad, au cours duquel il a critiqué la police et le système judiciaire après l'arrestation d'un dirigeant de son parti.

Dans un avis adressé aux chaînes de télévision et consulté par l'AFP, l'Autorité pakistanaise de régulation des médias (PEMRA) a affirmé que M. Khan lançait des "allégations sans fondement et prononçait des discours haineux". "Ses déclarations provocatrices à l'encontre des institutions et des fonctionnaires de l'État (...) sont susceptibles de troubler la paix et la tranquillité publiques", a-t-elle ajouté. L'ex-Premier ministre doit participer à un autre rassemblement dimanche soir dans la ville de Rawalpindi, voisine d'Islamabad. Imran Khan s'était fait élire en 2018 en profitant de la lassitude des électeurs à l'égard des deux partis organisés autour de grandes dynasties familiales qui ont dominé la vie politique nationale pendant des décennies, devenus le symbole de la corruption des élites. Il demeure très populaire auprès des jeunes et ses discours font l'objet d'une forte audience à la télévision, les meilleurs moments étant repris sur les réseaux sociaux pakistanais.

La manifestation de samedi soir faisait suite à l'arrestation d'un haut dirigeant du parti de M. Khan, le parti Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), qui, selon les autorités, aurait tenu des propos hostiles à l'armée sur une chaîne de télévision qui a ensuite été suspendue.

Critiquer l'armée, qui a dirigé le Pakistan pendant près de la moitié de ses 75 ans d'histoire, est considéré comme une ligne rouge. Un haut responsable du PTI, Asad Umar, a fustigé la décision de l'autorité de régulation des médias envers M. Khan. "Interdire la diffusion des discours d'Imran Khan est une nouvelle tentative de trouver une solution administrative à un problème politique", a déclaré M. Umar à l'AFP. Il a ajouté que son parti allait saisir la justice pour contester cette décision.

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