26/04/2022 13:02

Indignation au Royaume-Uni après une attaque misogyne envers une députée de l'opposition, accusée de jouer de son physique pour perturber Boris Johnson, et relayée par un tabloïd - VIDEO

Une députée de l'opposition accusée de jouer de son physique pour perturber Boris Johnson: cette attaque misogyne relayée par un tabloïd a suscité l'indignation au Royaume-Uni, le Premier ministre dénonçant des "foutaises sexistes". A l'origine du scandale, un article paru dimanche dans le Mail on Sunday, tabloïd connu pour sa ligne conservatrice et volontiers sensationnaliste. Le journal y affirme que des députés conservateurs comparent Angela Rayner à l'actrice Sharon Stone dans le film "Basic instinct", assurant qu'elle aime détourner l'attention du Premier ministre en croisant et en décroisant les jambes au Parlement.

Cette députée travailliste, cheffe adjointe du principal parti d'opposition, remplace régulièrement son numéro 1 Keir Starmer, lors des questions au chef du gouvernement organisées chaque mercredi midi. Celles-ci donnent lieu à des joutes verbales animées entre elle et M. Johnson, deux personnalités politiques aux styles et parcours diamétralement opposés. Tandis que Boris Johnson, 57 ans, est issu d'un milieu favorisé et a fréquenté le collège très élitiste d'Eton puis la prestigieuse université d'Oxford, Angela Rayner, 42 ans, a grandi dans un logement social et quitté l'école à 16 ans, enceinte de son premier fils. Elle est devenue travailleuse sociale avant de s'engager dans un syndicat puis en politique et s'est fait élire en 2015 dans la circonscription de Ashton-under-Lyne, non loin de Manchester (nord de l'Angleterre).

Dans son article, le Mail on Sunday cite des députés conservateurs anonymes dont l'un affirme qu'Angela Rayner "ne peut pas rivaliser" avec les talents d'orateur de Boris Johnson "mais (qu') elle a d'autres compétences qui lui manquent". Angela Rayner a dénoncé sur Twitter du "journalisme de caniveau", et souligné qu' "en politique, les femmes affrontent du sexisme et de la misogynie quotidiennement". Cette députée connue pour son franc-parler - elle avait dû s'excuser en septembre pour avoir traité les conservateurs d'"ordures" - a reçu l'appui de parlementaires de tous bords, le Premier ministre Boris Johnson déplorant sur Twitter dimanche "la misogynie dirigée anonymement contre elle".

"J'ai pensé que c'était des foutaises sexistes et misogynes des plus consternantes", a-t-il déclaré lundi à des journalistes. Boris Johnson a averti qu'il y aurait des représailles si les auteurs des commentaires sexistes étaient identifiés, les jugeant "totalement intolérables". Lundi après-midi, le président de la chambre des Communes, Lindsay Hoyle, a lui aussi condamné des propos qui "ne peuvent que dissuader les femmes qui pourraient envisager de se présenter aux élections, au détriment de tous". Il a annoncé la tenue d'une réunion avec le président de l'association de la presse parlementaire et le rédacteur en chef du Mail on Sunday sur ce sujet.

Malgré les Unes souvent provocatrices du tabloïd, cette nouvelle saillie semble ne pas passer: le régulateur de la presse, Ipso (Independent Press Standards Organisation) a dit avoir reçu "un grand nombre de plaintes". Elle jette une nouvelle lumière sur le sexisme en politique, au lendemain d'un article du Sunday Times révélant que trois ministres et deux députés de l'opposition sont actuellement l'objet d'accusations de "mauvais comportements de nature sexuelle" terme qui peut recouvrir le harcèlement sexuel, le voyeurisme ou encore les agressions sexuelles. Ils figurent parmi 56 députés référés à un bureau chargé d'enregistrer ces plaintes, mis en place à la suite du mouvement "Metoo".

Pour le chef du Labour, Keir Starmer, avec ces attaques anonymes, le Parti conservateur, "embourbé dans le scandale et le chaos" atteint "un nouveau fond". A l'approche d'élections locales le 5 mai, le parti au pouvoir aborde le scrutin enlisé dans le "partygate", ces fêtes organisées dans les cercles du pouvoir pendant les confinements. Ce scandale a fait chuter la côte de popularité de Boris Johnson pour qui le scrutin aura valeur de test.

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