
"Le monopole du coeur"
Le premier débat, le 10 mai 1974, est suivi par environ 25 millions de téléspectateurs, d'après des estimations.
Un échange entre Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, candidat de la gauche, marque les esprits. A ce dernier qui affirme, à propos de la répartition de la croissance, que "c'est une affaire de cœur et non pas seulement d'intelligence", VGE répond: "Vous n'avez pas le monopole du cœur." Dix-sept jours plus tard, VGE fait son entrée à l'Elysée.
"Pas votre élève"
Le 5 mai 1981, quelque 30 millions de téléspectateurs sont devant l'écran. Face au président Giscard d'Estaing, Mitterrand, très à l'aise, prend sa revanche.
A celui qui le présente comme "l'homme du passé", le socialiste lance: "Vous êtes l'homme du passif." VGE l'accuse d'avoir "géré le ministère de la parole" tandis qu'"il gérait la France". Il lui demande de donner le cours du deutschemark.
"Je n'aime pas vos méthodes. Je ne suis pas votre élève. Ici, vous n'êtes pas président de la République, mais mon contradicteur", lui rétorque Mitterrand, qui sera élu le 10 mai.
"Monsieur le Premier ministre"
Le 28 avril 1988, le président Mitterrand attaque durement le Premier ministre de cohabitation Jacques Chirac sur l'affaire Wahid Gordji, du nom d'un diplomate iranien impliqué dans les attentats de 1986 à Paris.
Il affirme "dans les yeux" que Chirac lui aurait dit avoir des preuves de la culpabilité de Gordji, qui a été expulsé de France en Iran en 1987. Le Premier ministre nie.
Lorsque Chirac lui dit: "Ce soir, vous n'êtes pas le président de la République, nous sommes deux candidats à égalité (...), vous me permettrez donc de vous appeler monsieur Mitterrand", il s'entend répondre, sur un ton cinglant: "Mais vous avez tout à fait raison, monsieur le Premier ministre." L'audience est encore énorme avec 30 millions de téléspectateurs. Mitterrand est réélu quelques jours plus tard.
Duel courtois
Jacques Chirac et le socialiste Lionel Jospin s'affrontent le 2 mai 1995 sur le bilan des deux présidences mitterrandiennes. Au cours d'un duel courtois, devant 16,7 millions de téléspectateurs, M. Jospin défend le quinquennat et déclare: "Il vaut mieux cinq ans avec Jospin que sept ans avec Chirac." Jacques Chirac entame quelques jours plus tard le premier de ses deux mandats.
Pas de débat en 2002
En avril 2002, Chirac refuse de débattre avec le candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen, qualifié surprise du second tour, pour ne pas cautionner "la banalisation de la haine et de l'intolérance".
Le président du Front national (FN) dénonce une "piteuse dérobade".
Les "saines colères" de Royal
Devant 20,4 millions de téléspectateurs, la socialiste Ségolène Royal se montre combative le 2 mai 2007 face à Nicolas Sarkozy, en particulier sur un sujet inattendu, le handicap.
Elle accuse son adversaire d'avoir atteint "le summum de l'immoralité politique", en parlant du sort des enfants handicapés alors que le gouvernement de droite a supprimé des emplois à l'école permettant leur accueil.
Sarkozy l'accuse de "perdre ses nerfs": "Pour être président, il faut être calme", lance-t-il. "Je n'ai pas perdu mes nerfs, je suis en colère et il y a des colères très saines, très utiles", réplique celle qui sera battue au second tour; quelques jours plus tard.
L'anaphore de Hollande
Le 2 mai 2012, 17,8 millions de téléspectateurs suivent le débat virulent entre le président Sarkozy et son adversaire socialiste François Hollande.
Ce dernier frappe les esprits en utilisant une technique d'éloquence basée sur la répétition, l'anaphore, pour répondre à la question "quel président comptez-vous être?"
Quinze fois de suite, il assène à Sarkozy, qui reste coi, des "Moi, président de la République..." pour détailler la ligne, notamment déontologique, qu'il se fixerait en cas de victoire.
Débat "raté" pour Marine Le Pen
Devant 16,5 millions de téléspectateurs, Marine Le Pen et Emmanuel Macron tiennent le 3 mai 2017 un débat d'une rare virulence et souvent confus. Largement distancée dans les sondages, la présidente du FN (futur RN), sourire ironique aux lèvres, attaque bille en tête, plongeant constamment le nez dans ses fiches quand M. Macron la fixe et s'exprime sans notes.
Elle lui reproche de porter "la mondialisation sauvage", d'être "le candidat du pouvoir d'acheter". Il l'accuse de "mensonges", d'être un "parasite" du "système" qu'elle dénonce.
Dans un échange sur la lutte contre le terrorisme, elle le taxe de "complaisance pour le fondamentalisme islamique". Il réplique que ce qu'elle propose, "comme d'habitude, c'est de la poudre de perlimpinpin".
Après sa défaite du second tour, Marine Le Pen reconnaîtra un débat "raté", assumant une "erreur stratégique" dans son attitude et "un temps de préparation (...) insuffisant".
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