13/03/2022 17:02

Une maison d'enchères fondée en 1744 qui se lance dans les NFT et le métavers ? Une suite logique dans l'histoire de Sotheby's, selon son patron Charles Stewart

Par Joseph BOYLE, Yassine KHIRI

Une maison d'enchères fondée en 1744 qui se lance dans les NFT et le métavers? Une suite logique dans l'histoire de Sotheby's, au regard de l'audience et de l'intérêt "absolument énormes" pour ces objets numériques, selon son patron Charles Stewart. "La raison pour laquelle Sotheby's existe depuis 277 ans est que nous avons une histoire qui embrasse l'innovation. Ce n'est donc pas différent pour les NFT", explique-t-il lors d'un entretien avec l'AFP, réalisé en marge du Salon mondial du mobile de Barcelone.

Les NFT sont des objets numériques certifiés uniques, grâce à la technologie de la "blockchain" (chaîne de blocs), aussi utilisée pour les cryptomonnaies comme le bitcoin. "L'audience et l'intérêt sont absolument énormes. Nous voyons une nouvelle génération, plus jeune, (...) qui s'intéresse à cette nouvelle forme d'art. C'est pourquoi nous consacrons du temps et des ressources" aux NFT, précise le patron de la maison basée à New York, rachetée en 2019 par le magnat des télécoms franco-israélien Patrick Drahi. Les NFT ont fait une entrée remarquée sur le marché de l'art en 2021, à l'image du programme informatique à l'origine du web, vendu 5,4 millions de dollars en juillet dernier chez Sotheby's.

L'utilisation de la "blockchain", un immense registre public réputé infalsifiable, rend les NFT théoriquement inviolables. De quoi rassurer les collectionneurs contre le risque de copie. Après une année 2020 marquée par la pandémie, Sotheby's a atteint en 2021 le plus haut chiffre de ventes de son histoire, à 7,3 milliards de dollars, notamment grâce à un nouveau public et aux acheteurs asiatiques. Dans ce bilan, la part des NFT reste encore modeste (100 millions), mais la maison d'enchères avance ses pions dans le numérique. Signe de son fort intérêt, elle a lancé sa plateforme dédiée baptisée "Sotheby's Metaverse", du nom de l'univers virtuel annoncé comme le prochain âge d'internet. 

Au-delà d'une nouvelle source de revenus ou de la conquête d'un public plus large, l'intérêt de se plonger dans l'univers des cryptoactifs réside aussi dans l'enrichissement mutuel entre l'ancien et le nouveau mondes de l'art, estime Charles Stewart. "Le monde de l'art traditionnel entend beaucoup parler des NFT. Beaucoup ne le comprennent pas. Certains l'ont adopté. Mais il y a une curiosité", indique l'ancien directeur financier d'Altice USA. "La même chose est vraie dans l'autre sens. (Pour) beaucoup de jeunes investisseurs dans les technologies - en particulier les entrepreneurs -, les NFT ont été une passerelle vers le marché de l'art au sens large", ajoute-t-il.

Symbole du nouveau profil des collectionneurs, "Le Nez" d'Alberto Giacometti a été acheté 78,4 millions de dollars par le fondateur de la plateforme de cryptomonnaies Tron, l'entrepreneur sino-américain Justin Sun, 31 ans. Le marché des NFT, dans l'art mais aussi dans d'autres secteurs de la culture comme les jeux vidéo, s'est envolé en 2021 avec des échanges représentant 44,2 milliards de dollars dans le monde, selon les données du cabinet Chainalysis.

"Ce n'est qu'il y a un an que les NFT ont fait irruption dans notre conscience collective, et nous avons assisté à une explosion de l'intérêt depuis lors", souligne Charles Stewart. "Que les prix augmentent ou baissent, si l'intérêt est là, si l'engagement est là, si les nouveaux créateurs se connectent avec le public grâce aux NFT et aux cryptomonnaies, c'est une tendance importante dans laquelle nous allons investir", complète-t-il.

Ça peut vous interesser

Ailleurs sur le web

Vos réactions