03/03/2021 11:31

Des journalistes de Mediapart, poursuivis en diffamation par Hervé Gattegno pour un article sur l'affaire des soupçons de financements libyens de la campagne de Nicolas Sarkozy, définitivement relaxés

Des journalistes de Mediapart, poursuivis en diffamation par Hervé Gattegno pour un article de 2016 sur l'affaire des soupçons de financements libyens de la campagne de Nicolas Sarkozy, ont été définitivement relaxés, la Cour de cassation n'ayant pas admis le pourvoi du directeur du Journal du Dimanche. M. Gattegno avait attaqué en justice le patron de Mediapart Edwy Plenel, ainsi que les auteurs d'un article du 14 novembre 2016 qui le mettait en cause pour avoir volontairement diffusé de fausses informations pour étouffer l'affaire. L'article accusait l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, protagoniste clé de l'enquête, "d'orchestrer" des "contre-offensives médiatiques, main dans la main avec des journalistes et des patrons de presse".

Dans leur publication, les journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske, citant des écoutes téléphoniques, affirmaient que l'intermédiaire franco-algérien avait "demandé à Hervé Gattegno (...) de sortir +des conneries+ sur les uns et les autres". Pour Mediapart, une interview publiée par M. Gattegno en décembre 2013 dans Vanity Fair, dont il était alors rédacteur en chef, répondait à cette demande. Dans cet entretien, l'ancien argentier du régime libyen Béchir Saleh contestait l'authenticité d'un document révélé par Mediapart en 2012, devenu un élément à charge de l'enquête libyenne.

En janvier 2019, le tribunal de Paris avait contesté l'interprétation faite par Mediapart de ces écoutes téléphoniques et condamné les trois prévenus, qui avaient fait appel. Au contraire, en novembre 2019, la cour d'appel de Paris avait relaxé les trois journalistes, estimant que cette interprétation avait pu être faite "sans mauvaise foi". M. Gattegno avait formé un pourvoi devant la plus haute juridiction judiciaire et, mardi, cette dernière a jugé qu'il n'existait "aucun moyen de nature à permettre" son "admission", selon un arrêt consulté par l'AFP.

La Cour de cassation a condamné M. Gattegno à payer 2.500 euros en frais de justice. L'avocat de Mediapart, Emmanuel Tordjman, s'est "félicité que la Cour de cassation ait mis un terme définitif à cette procédure et consacre le droit de Mediapart d'informer le public sur des sujets d'intérêt général majeurs". Sollicité par l'AFP, l'avocate de M. Gattegno n'était pas joignable mardi soir.

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