17/02/2021 12:01

Le taux de chômage a fortement reculé à la fin de l'année, revenant en apparence à son niveau d'avant-crise, mais cette baisse est "en partie en trompe l'œil" selon l'Insee

Le taux de chômage a fortement reculé à la fin de l'année, revenant en apparence à son niveau d'avant-crise, mais cette baisse est "en partie en trompe l'œil" selon l'Insee du fait d'un biais statistique et du recours toujours massif à l'activité partielle. Au quatrième trimestre, le nombre de chômeurs au sens du BIT atteint 2,4 millions de personnes en France (hors Mayotte), en baisse de 340.000 personnes. Sur le trimestre, le taux recule de 1,1 point, à 8% de la population active, après un rebond de 2 points le trimestre précédent. Il est quasi stable (‒0,1 point) par rapport à la fin 2019. Mais "cette baisse est pour partie +en trompe-l'œil+: en raison du deuxième confinement, entre le 30 octobre et le 15 décembre, un nombre important de personnes ont basculé vers l'inactivité, faute notamment de pouvoir réaliser des recherches actives d'emploi dans les conditions habituelles", explique l'Insee. P

our être chômeur au sens du Bureau international du Travail (BIT), il faut en effet avoir effectué une démarche de recherche d'emploi au cours des quatre dernières semaines et se déclarer disponible dans les deux semaines pour occuper un emploi. "Ces deux comportements, disponibilité et recherche, ont été plus ou moins affectés par les limitations de circulation des personnes et par la perception que ces dernières avaient des possibilités offertes sur le marché du travail", souligne l'institut. Le taux d'activité a ainsi diminué de 0,2 point sur le trimestre. Chez les 15-24 ans, il a diminué de 0,9 point, signe qu'un certain nombre ont préféré à la rentrée poursuivre des études ou renoncer à chercher un travail. Le même effet statistique s'était produit au deuxième trimestre mais de manière beaucoup plus forte, le taux de chômage ayant alors chuté à 7,1%. La différence s'explique par le fait que le deuxième confinement a eu un impact beaucoup moins fort sur l'emploi. La baisse du chômage provient aussi de la hausse du taux d'emploi, lequel a continué de se redresser (+0,6 point) même s'il reste en recul de 0,4 point sur un an. Selon Sylvain Larrieu, chef de la division synthèse et conjoncture du marché du travail à l'Insee, ces chiffres confirment "la bonne surprise" de l'emploi salarié qui n'a reculé que de 0,2% au dernier trimestre.

Pour Éric Heyer, directeur du département analyse et prévision à l'Observatoire français des conjonctures économiques, "ces chiffres sont tout de même bons par rapport à ce qu'on anticipait il y a deux ou trois mois, la récession est moins marquée donc il y a moins de destructions d'emplois". Autre nouvelle encourageante, la part des jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi ni en formation diminue sur le trimestre de 0,5 point, à 13,2%, même si elle reste encore supérieure de 0,5 point à son niveau d'avant-crise. "Chez les jeunes, on a permis grâce aux aides le recrutement de 1,2 million de jeunes en CDD de plus de 3 mois ou en CDI entre août et décembre, soit quasiment autant qu'en 2018 et 2019", s'est félicité mardi Élisabeth Borne sur BFM Business. Si la ministre du Travail s'est dite consciente de l'"effet trompe-l’œil", elle a jugé "qu'avec les mesures d'urgence et du plan de relance on a réussi à contenir l'impact de la crise sur l'emploi". Mais pour M. Heyer, c'est avant tout le chômage partiel (2,4 millions de salariés en décembre) qui explique toujours que "le chômage n'augmente pas". Cela se voit notamment dans les statistiques de l'Insee par une hausse d'un million du nombre de personnes en "sous-emploi" en un an. Mme Borne a annoncé la prolongation de la prise en charge actuelle (100% dans les secteurs les plus touchés, 85% ailleurs) jusque fin mars. Pour M. Heyer, l'évolution de cette prise en charge déterminera celle du chômage en 2021. "Si le gouvernement la réduit, il est possible que certaines entreprises se disent que ça leur coûte trop cher et licencient. Le rebond attendu de la croissance, de 4 à 6%, se traduirait alors paradoxalement par une forte hausse du chômage", explique-t-il.

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