
Le foot français avait sabré le champagne en 2018 avec le milliard d'euros annuel acquis pour la retransmission de la Ligue 1 et de la Ligue 2. Mais le diffuseur défaillant Mediapro s'est retiré avec pertes et fracas mardi, plongeant le football français dans l'incertitude.
Voici les principales étapes de la crise ayant débouché sur la rupture du contrat liant le groupe sino-espagnol à la Ligue de football professionnel (LFP), actée mardi par le tribunal de commerce de Nanterre:
- Mai 2018: Mediapro sort du chapeau - Le 29 mai 2018, la LFP annonce triomphalement avoir cédé les droits TV nationaux de la Ligue 1 sur 2020-2024 contre un montant annuel de 1,153 milliard d'euros, dont 780 millions censés provenir de Mediapro. Une aubaine pour les clubs de l'élite qui tirent plus d'un tiers de leurs recettes des droits TV en moyenne. Le diffuseur historique Canal+ émet publiquement des doutes sur la solidité de Mediapro, qui a perdu les droits de Serie A en Italie, faute de garantie bancaire. Mais la LFP se veut rassurante. "Nous n'avons pas d'inquiétude, car les situations ne sont pas comparables et car nous avons une caution solidaire de l'actionnaire de référence de Mediapro", déclare son directeur général exécutif Didier Quillot.
- Août 2020: la chaîne Téléfoot sort de terre - Contre 25,90 euros par mois, la nouvelle chaîne Téléfoot créée par Mediapro propose aux téléspectateurs huit matches par journée, dont les 10 plus belles affiches de la saison. Le lancement attendu le 21 août est gâché par le Covid-19. La Ligue est contrainte de reporter le choc Marseille-Saint-Etienne, à cause de joueurs contaminés, le remplaçant par un triste Bordeaux-Nantes (0-0).
- 7 octobre: la bombe lâchée par Roures
- Le 24 septembre, Mediapro demande à la Ligue un délai de paiement concernant la prochaine échéance des droits audiovisuels, attendue au 5 octobre. Le patron de Mediapro s'explique dans un entretien à L'Equipe le 7 octobre. "Nous voulons rediscuter le contrat de cette saison. Elle est très affectée par le Covid-19", justifie Jaume Roures. "Les bars et les restaurants sont fermés, la publicité s'est effondrée..." Le lendemain, la Ligue fait savoir par son nouveau président Vincent Labrune qu'elle refuse le délai de paiement. Dans L'Equipe, il se dit "surpris sur la forme et inquiet sur le fond".
- Mi-octobre: la mise en demeure de la LFP - La Ligue hausse le ton dans un courrier aux clubs dévoilé le 15 octobre par l'AFP: "Nous (...) les avons mis en demeure de régler les échéances des 1er et 5 octobre, tout en activant la garantie donnée par la société mère", le fonds chinois Orient Hontai Capital. "Soit une issue favorable est trouvée avec Mediapro, soit ce n'est pas le cas, et il faudra envisager la reprise du contrat par d'autres opérateurs", annonce le directeur général exécutif Arnaud Rouger. Dans la lettre, on apprend également que Mediapro s'est engagé auprès du tribunal de commerce de Nanterre dans une procédure de médiation, qui permet aux entreprises de négocier avec leurs créanciers. Le 19 octobre, les clubs français valident en assemblée générale la souscription d'un prêt de 112 M EUR par la Ligue, une bouffée d'oxygène seulement temporaire alors que la Ligue avait déjà emprunté 224,5 M EUR au printemps face à la pandémie.
- 21 octobre: Téléfoot "ne va pas disparaître" - La chaîne Téléfoot "ne va pas disparaître, ni demain, ni après-demain", affirme Roures dans un entretien à l'AFP, où le patron du diffuseur Mediapro se dit "optimiste". Le 5 décembre, pourtant, la Ligue ne reçoit pas le troisième versement de la saison attendu. Mediapro s'estime non redevable de cette échéance tant que le processus de conciliation est en cours.
- 11 décembre: la rupture du contrat - La Ligue scelle un accord de retrait avec Mediapro, obtenant 100 M EUR de dédommagement en échange de l'assurance de ne pas poursuivre le diffuseur. Cet accord doit encore être validé par le tribunal de commerce.
- 22 décembre: la LFP récupère ses droits - La justice valide l'accord actant le retrait de Mediapro. La Ligue annoncer récupérer "la pleine jouissance des droits détenus préalablement par Mediapro", soit 80% de la L1 et de la L2, et se mettre en quête de nouveaux diffuseurs pour le cycle 2020-2024.
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