12/11/2020 11:41

Des élus et habitants de l'agglomération de Strasbourg s'inquiètent de la répétition des secousses sismiques, après un dixième séisme en 15 jours hier

"Ne jouons plus aux apprentis sorciers": des élus et habitants de l'agglomération de Strasbourg s'inquiètent de la répétition des secousses sismiques enregistrées à proximité d'un site de centrale géothermique en projet, après un dixième séisme en 15 jours mercredi.

A 07h36, la terre a une nouvelle fois tremblé à Vendenheim (Bas-Rhin) et dans la métropole strasbourgeoise. Une secousse d'une magnitude de 2,4, selon le Réseau National de surveillance sismique (Rénass), implanté à Strasbourg.

"Je me suis réveillé, et j'ai senti comme si j'étais sur une plaque de pierre qui glisse de quelques centimètres, et qui m'envoie un coup dans le dos", témoigne Jean-Jacques Régibier, qui habite dans le quartier de la Robertsau, au nord-est de Strasbourg. "Je me suis dit c'est pas normal, à tous les coups c'est un tremblement de terre".

Ce séisme a été répertorié par le Rénass comme "induit", c'est-à-dire provoqué par une activité humaine. C'est le dixième épisode sismique enregistré depuis 15 jours au même endroit, après ceux des 27 (trois secousses), 28 (deux secousses) et 30 octobre, 1er, 2 (deux secousses), 5, 8, 9 et 10 novembre.

Ils ont tous été relevés à proximité du site de centrale géothermique profonde en projet développé par Fonroche à Vendenheim et Reichstett (Bas-Rhin), au nord de Strasbourg. Ce site a pour ambition de devenir la "première centrale française de co-génération électricité-vapeur de la filière en France".

Dans un communiqué, la société annonce que le séisme a bien été mesuré "dans le périmètre de la Centrale de géothermie profonde", et qu'il s'inscrit "dans la continuité des mouvements souterrains" enregistrés depuis le 27 octobre. Selon la préfecture, il s'explique par "l'ajustement de la roche".

Les travaux de l'entreprise Fonroche sont suspendus depuis une première série de séismes survenue en novembre 2019, dont une secousse de magnitude 3,9. Les opérations d'injection d'eau sur le site avaient alors été interrompues.

Le 1er octobre, la préfecture du Bas-Rhin avait autorisé la réalisation de "tests de traçage", visant à savoir si les opérations habituellement menées sur le site "pourraient être de nature à créer des mouvements sismiques en surface". Elle les a interrompus le 28 octobre, après de nouvelles secousses sismiques.

Sur place, les élus s'agacent de constater, impuissants, la répétition de secousses sismiques causées par un projet industriel auquel ils n'étaient pas favorables.

"Nous avons assisté à une énième réunion du comité de suivi à la préfecture hier", explique à l'AFP Georges Schuler, le maire de Reichstett. "Avec mes collègues maires, nous disons stop, ne jouons plus aux apprentis sorciers".

Dans un communiqué commun, les maires de Vendenheim, Reichstett et La Wantzenau demandent à Fonroche, à la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) et à la préfecture de jouer "cartes sur table" et de placer la population "face au risque réel".

Ils estiment que les informations dont ils disposent sont "trop partielles, trop imprécises, et trop tardives". "Aujourd'hui, rien n'est respecté", estime Georges Schuler. "On nous avait certifié que les séismes ne dépasseraient pas une magnitude de 2 sur l'échelle de Richter. C'est loin d'être le cas".

Certains habitants ont d'ores et déjà relevé des dégâts sur leurs logements. Au moins deux demandes d'expertise ont été formulées.

Georges Schuler rappelle que les communes de Vendenheim et de Reichstett avaient émis, lors de la genèse du projet en 2016, un avis défavorable. "C'est l'Etat qui a accordé le droit de creuser et d'exploiter, et je dirais que l'Eurométropole de Strasbourg a soutenu".

De son côté, la préfecture estime que les réunions du comité de suivi permettent "d'améliorer la compréhension des évènements". Elle assure que le redémarrage des tests "ne sera possible qu'après un avis du comité d'experts", et n'avance désormais "aucun calendrier précis".

En septembre, la préfecture évoquait encore une possible "exploitation industrielle" de la centrale géothermique à la "fin du premier semestre 2021", pour alimenter "l'équivalent de 10.000 logements" en électricité, et "26.000 logements en chaleur directe".

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