11/06/2020 14:50

Après le coronavirus, les "travailleuses du sexe" appellent à l’aide : "Aujourd'hui, on doit choisir entre mourir de faim ou mourir du Covid" - VIDEO

Ce matin, Anaïs de Lenclos était l'invitée de Jean-Marc Morandini dans "Morandini Live" sur CNews et Non Stop People. Escorte à Paris et porte-parole du Syndicat du Travail Sexuel en France (Strass), elle a témoigné et a évoqué les conséquences de la crise sanitaire sur les travailleurs du sexe.

"Depuis 2016, la loi de pénalisation du client a inversé le rapport de force entre les clients et les travailleurs du sexe. Cette loi qui pénalise le client a réduit considérablement le nombre de personnes qui font appel à nous. Nous n'avons plus la possibilité de vraiment choisir la personne avec qui nous acceptons de travailler. Quand vous passez de 50 à 4 appels par jour, on se rend bien compte que vous n'avez plus du tout la possibilité de choix. Les personnes qui vous appellent ont conscience du fait que vous ne pouvez plus choisir. Certaines personnes abusent et vont imposer des tarifs et des pratiques (...) Il y a eu beaucoup plus d'agressions qu'avant", a-t-elle confié.

Et d'ajouter : "Quand vous n'avez pas de client pendant une semaine et que vous devez payer votre loyer, si vous ne sentez pas la dernière personne qui arrive et que vous savez que c'est peut-être la seule personne qui viendra dans la semaine, vous l'acceptez et potentiellement ça peut être un agresseur et non un client". 

Anaïs de Lenclos a explique qu'aujourd'hui - et notamment avec l'arrivée du Covid en France -, "les travailleuses et les travailleurs du sexe arrivent dans une situation de précarité extrême". Alors que certains ont pu avoir une aide de 1.500 euros avec leur statut de micro-entrepreneur, d'autres n'ont reçu aucune aide. "On a interpellé l'Etat, mais il ne répond pas. Il existe des fonds destinés aux travailleurs du sexe, On a demandé que ces fonds soient débloqués vers un fonds d'urgence pour nous aider pendant le Covid. Il n'y a pas eu de réponse", a-t-elle continué en précisant "[qu']en ce moment, des personnes perdent leur logement". Des cagnottes ont été lancées et ont servi à fabriquer des colis alimentaires et donner de l'aide d'urgence.

Aujourd'hui, avec le déconfinement, certaines personnes - dont Anaïs de Lenclos - ont repris leur activité en respectant un protocole, mais "beaucoup de clients ne reviennent pas encore". "Quand une personne vous demande de l'embrasser, qu'est-ce que vous répondez ?", a demandé Jean-Marc Morandini. "Un collègue a trouvé une phrase très pertinente : choisir entre mourir de faim ou mourir du Covid. Certains vont prendre le risque de tomber malade parce qu'il n'y a pas le choix. Moi, j'ai repris il y a longtemps, parce que je n'ai pas d'aide de l'Etat et mes factures n'ont pas diminuées", a répondu Anaïs de Lenclos.

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