09/10/2019 10:01

Pour pouvoir faire jeu égal avec les plateformes de streaming, la réforme de l'audiovisuel doit aller plus loin, estiment les patrons de chaîne

Pour pouvoir faire jeu égal avec les plateformes de streaming, la réforme de l'audiovisuel doit aller plus loin, tant sur le plan fiscal que sur les règles encadrant la production, ont estimé des patrons de chaîne invités du festival Médias en Seine. "Aujourd'hui, la France exporte moins" ses programmes, "empêche les groupes d'audiovisuel d'investir dans la production du fait des quotas et c'est là-dessus que sera jugée la loi", a affirmé le patron du groupe M6 Nicolas de Tavernost. Il a déploré les "ratés" de la future réforme. "Il faut aller au bout dans cette affaire de production pour pouvoir constituer des groupes médias : changer les règles de détention des mandats, de la durée des droits, de la détention du capital...", a-t-il martelé.

Un avis partagé par le patron du groupe Canal+ Maxime Saada : "la production c'est le sujet-clé de la loi". "On a des acteurs qui font de l'intégration verticale et vont se réserver leur contenu en exclusivité sur leurs plateformes, la bataille commence à être sérieuse puisque Friends repart chez NBC, Warner va lancer sa plateforme, Universal vient d'annoncer Peacock, Disney va se réserver Mandalorian... Ils vont récupérer leurs actifs, y compris chez nous, donc on a un enjeu majeur d'avoir des contenus de qualité", a-t-il détaillé. Sur le plan fiscal, les deux patrons ont déploré des mesures peu équilibrées face aux plateformes.

"L'enjeu, c'est qu'on bénéficie des mêmes règles que les GAFA, pas plus, pas moins", a souligné Alain Weill, PDG d'Altice France, estimant que la loi allait "globalement dans la bonne direction", notamment en matière de piratage, "mais pas assez loin". "La loi va dans le bon sens mais elle est trop entre les mains des lobbies", a renchéri David Kessler, directeur d'Orange Content, assurant que la France est le "seul pays" où les producteurs vivent l'émergence des plateformes "comme une menace".

A contre-courant, la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte a salué la "forme de souplesse" sur la production : "tout ce qui peut être obtenu par la négociation est très positif". Elle a également défendu le projet Salto, plateforme commune à France Télévisions, TF1 et M6, rappelant qu'elle bénéficiait des investissements faits dans les contenus par les trois diffuseurs. Et côté Orange, David Kessler a indiqué qu'il aurait "des discussions le moment venu avec Salto". Le patron de M6 a pour sa part regretté les conditions "hors normes" demandées à Salto au regard "des conditions de fonctionnement de ses concurrents".

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