christophe hondelatte
Une voiture "plus écologique, plus économique", promettait la publicité: elle a valu au constructeur automobile General Motors de comparaître mardi devant le tribunal correctionnel de Paris pour "pratiques commerciales trompeuses".
A l'origine de l'affaire, une plainte d'associations d'usagers des transports, qui reproche à sa filiale de l'époque, Saab, une publicité écologique mensongère. Parue dans la presse en 2007, cette publicité vantait les mérites de la Saab 9-3 Bio Power, présentée comme "plus écologique, plus économique" et roulant au "carburant naturel", puisque le moteur pouvait fonctionner avec du Superéthanol 85, un biocarburant composé à 85% d'alcool de blé ou de betterave.
"Comme vous le savez, Saab est une marque suédoise, et les Suédois sont très proches de la nature", se félicite à la barre, tout sourire, le directeur marketing de Saab en poste à cette période, Jean-Richard Randé, qui précise que ce modèle était "un véhicule premium", valant "autour de 40.000 euros". Pour la FNAUT (Fédération nationale des associations d'usagers des transports), partie civile, les qualités vantées dans la publicité ne sont pourtant réunies qu'en utilisant uniquement du bioéthanol, information présente qu'en tout petits caractères au bas de la publicité.
En roulant à l'essence classique, la voiture est "très polluante", ce qui constitue "un procédé éminemment trompeur" qui "induit le consommateur en erreur", selon l'avocat de la FNAUT, Me Benoist Busson, qui demande la publication d'un rectificatif dans la presse et 15.000 euros de dommages et intérêts. "Le candidat à l'achat peut être attiré par la publicité" mais "il n'achète pas une voiture sur un coup de tête" a défendu le procureur, Mme Dominique Perard, qui a requis la relaxe. "L'information est donnée dans le texte, même en petits caractères", a estimé la magistrate.
"Evidemment, on ne fait pas l'acquisition d'un véhicule de 40.000 euros comme on achète une boîte de haricots", a appuyé Me Pierre-François Veil, avocat de General Motors. La défense a plaidé la relaxe, déclarant qu'une "condamnation de GM serait dramatique", après les révélations de trucage qui ont ébranlé son concurrent Volkswagen. Le terme de "carburant naturel" était également contesté par la FNAUT, au motif que sa fabrication du bioéthanol génère des émissions de CO2, principal responsable de l'effet de serre. "Et quoi de plus naturel que les flatulences de nos bovins, alors qu'ils sont nocifs pour l'environnement? ", a lancé Me Veil, au terme de sa plaidoirie, devant un tribunal hilare.
Le délibéré sera rendu le 15 décembre.
Vos réactions
Réagissez
Nouveau ?
Inscrivez-vousDéjà membre ?
Mot de passe oublié ?