10/06/2015 12:01

Seconde guerre mondiale: Le Luxembourg présente pour la première fois ses excuses à la communauté juive

Le Luxembourg a présenté mardi pour la première fois ses excuses à la communauté juive pour les "souffrances" subies et les "injustices" commises à son égard pendant la Seconde guerre mondiale, reconnaissant la responsabilité de "certains représentants" des autorités luxembourgeoises, 70 ans après la fin du conflit.

"Le gouvernement présente ses excuses à la communauté juive pour les souffrances qui lui furent infligées et pour les injustices commises à son endroit et reconnaît la responsabilité de certains représentants de l'autorité publique dans l'incommensurable qui a été commis", indique une déclaration signée par le Premier ministre Xavier Bettel et l'ensemble de ses ministres.

Les 60 députés luxembourgeois ont également adopté mardi, à l'unanimité, une résolution reconnaissant "les souffrances infligées à la population juive, à ses membres luxembourgeois et étrangers, durant l'occupation nazie du Luxembourg".

La Chambre des députés y "exprime ses excuses à la communauté juive, alors que du fait des actes fautifs commis, la responsabilité de l'autorité publique luxembourgeoise se trouve engagée".

Le Luxembourg a été occupé par l'Allemagne nazie de mai 1940 à septembre 1944. La communauté juive, composée en grande partie de réfugiés ayant fui l'Allemagne nazie avant la guerre, a particulièrement souffert de l'occupation.

"Sur les 3.700 Juifs résidant au Grand-Duché avant la guerre, 1.200 sont morts, victimes de la Shoah", indique sur son site officiel le gouvernement luxembourgeois.

"L'administration luxembourgeoise collabora à la politique de persécutions antisémites de l'administration civile allemande dans trois domaines: l'identification des personnes considérées comme appartenant à la race juive selon les critères allemands ; leur expulsion de la fonction publique, des professions libérales et des écoles ; la spoliation de leurs biens", a expliqué dans un rapport publié en février l'historien de l'Université du Luxembourg Vincent Artuso, dont le travail est à la base des excuses présentées mardi.

Selon l'historien, la politique de persécutions antisémites ne souleva pas d'opposition ouverte dans la population luxembourgeoise. Et il n'a trouvé d'indices de résistance à ces mesures chez "aucun bourgmestre, fonctionnaire ou employé de l'Etat".

Ces derniers mois, la question d'éventuelles réparations financière à octroyer aux victimes de spoliations ou à leurs ayant droits n'a pas été évoquée lors des débats. Les autorités ont en revanche évoqué la création d'un Monument de la Mémoire de la Shoa ou d'une fondation, qui n'existent pas au Luxembourg.

Dans sa résolution, le gouvernement invite les Luxembourgeois "à tirer les leçons de l'histoire et à rester vigilants face à l'antisémitisme, au négationnisme et en général à toutes les discriminations", alors que les Luxembourgeois ont rejeté dimanche par référendum, à 80%, la proposition de Xavier Bettel d'octroyer le droit de vote aux résidents étrangers aux législatives, dans un pays où 46% de la population est étrangère.

En septembre 2009, le Premier ministre belge de l'époque, Elio Di Rupo, avait présenté les excuses de la Belgique pour la déportation des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Ces excuses avaient lancé le débat au Luxembourg voisin.

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Portrait de sam93
10/juin/2015 - 19h28 - depuis l'application mobile

Et on n'est reparti pour un tour sortez les mouchoirs